1er octobre 2010
Malheureusement, Pierre Bergé, pris par ses responsabilités au Monde ne peut pas être présent avec nous aujourd’hui. Mais j’ai eu le privilège de l’accompagner comme co-président du jury du prix de la laïcité 2010.
Pour moi, la laïcité se définit comme une tradition républicaine qui sépare croyances religieuses et opinions philosophiques privées de ce que l’on peut définir comme l’intérêt général, le bien commun, la res publica. Elle crée une distance entre l’individuel et l’universel.
C’est la solution la plus simple et la plus forte pour lutter contre la violence de l’individualisme, les replis identitaires, toutes ces causes de divisions entre êtres humains, si présents dans le monde aujourd’hui.
Sur un plan qui m’est personnel, cette vision des choses s’accorde heureusement avec mon activité de scientifique. La neuroscience nous apprend que notre cerveau possède à la fois la capacité de raison et une autre disposition, unique, dans le monde vivant : se représenter autrui comme nous-mêmes, avec les mêmes désirs de bonheur et de liberté.
Elle nous apprend également que l’environnement social et culturel de l’enfant laisse dans notre cerveau des empreintes « épi-génétiques » de nature neuronale qui nous distinguent comme le langage ou les traditions religieuses. Mais celles-ci sont liées aux circonstances et ne peuvent en aucun cas justifier une quelconque discrimination. Cet argument neurobiologique n’est-il pas un des meilleurs qui soit en faveur de la laïcité de l’éducation au niveau mondial ?
C’est pourquoi j’ai accepté avec joie de présider ce jury du Prix 2010.
Le Jury compte 38 membres parmi lesquels
Le jury s’est réuni à deux reprises à l’Assemblée nationale. Je souhaite remercier le député Christian Bataille qui nous offert les moyens de délibérer dans d’excellentes conditions.
Un appel à candidatures a été lancé au début de cette année et les membres du jury ont retenu une vingtaine de noms de personnalités dont l’engagement en faveur de la laïcité et des libertés était digne d’un tel prix. Le choix a été très difficile, certains noms ont suscité une grande émotion parmi nous. Je citerai par exemple :
Mais il a bien fallu choisir.
Dans quelques instants nous vous révélerons les noms qui ont été retenus. Mais avant le jury a unanimement souhaité rendre un hommage particulier à une militante de la cause des femmes et de la laïcité.
Il s’agit d’Annie Sugier, Présidente de la Ligue du droit international des femmes (LDIF), créé en 1983 avec Simone de Beauvoir.
Première femme directrice à l’énergie atomique, spécialisé sur la sécurité nucléaire, elle s’engagea dans le mouvement féministe dès les années 1970 en articulant la lutte pour les droits des femmes et la laïcité, pour le droit à l’avortement, les luttes contre les violences, et créa le premier refuge de femmes victimes de violences conjugales à Clichy en 1978.
Engagée dans la lutte contre les mutilations sexuelles, elle se mobilisa également au début des années 1980 aux côtés des mères d’Alger et pour les jeunes filles dans les cités dès 1982 à travers le cas de Leila Chalabi, adolescente d’origine algérienne, enlevée et séquestrée par ses parents.
Un de ses combats majeurs en faveur de la laïcité se mène depuis 1992, avec la création « d’Atlanta + » association engagée pour l’universalité des droits à travers le sport. Cette bataille, elle la mène avec une vigueur redoublée aujourd’hui, dans la perspective des jeux olympiques de 2012. Elle nous en dira un mot.
Je vous demande de l’applaudir car c’est un exemple de dévouement, d’engagement, de fidélité à une époque où parait-il le militantisme serait passé de mode.
Pour quelques instants, je donne la parole à Annie Sugier et lui demande de bien vouloir rejoindre le pupitre.
Comité Laïcité République
Maison des associations, 54 rue Pigalle, 75009 Paris
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