16 janvier 2010
"L’auteure et comédienne féministe d’origine algérienne, Rayhana, a été agressée, aspergée d’essence, et insultée, mardi 12 janvier, alors qu’elle se rendait à la Maison des métallos (à Paris dans le 11e arrondissement).
La préfecture de police a confirmé l’agression, mais n’a pas voulu donner de détails car "une enquête a été ouverte". Selon son entourage, Rayhana a été aspergée d’essence et ses "agresseurs lui ont ensuite jeté une cigarette au visage, fort heureusement sans enflammer la jeune femme". "L’agression physique s’est doublée d’une agression verbale qui laisse peu de doutes sur le lien existant entre cette tentative d’homicide et les représentations en cours qui se poursuivront jusqu’a la fin", a indiqué la même source.
Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a exprimé sa "profonde sympathie et son amical soutien" a Rayhana agressée juste avant la représentation de sa pièce : "A mon âge je me cache encore pour fumer".
"Indigné par ce terrible événement, qui semble trouver son origine dans le sujet même de ce spectacle [qui donne la parole à neuf figures féminines aux prises avec le refoulement et la violence, réunies dans un hammam à Alger], je condamne avec la plus grande fermeté ces agissements d’une extrême gravité", écrit le maire dans un communiqué.
La secrétaire d’Etat à la ville, Fadela Amara, se dit "révoltée par l’agression intolérable". Elle lui fait part de "tout son soutien". "Le combat pour le droit des femmes ne reculera devant aucune menace", déclare Fadela Amara qui ajoute : "Cette agression nous rappelle malheureusement que la lutte pour l’émancipation des femmes et contre l’obscurantisme est toujours d’actualité".
Le Conseil représentatif des associations noires (CRAN) "condamne l’agression" dont a été l’objet la comédienne et féministe Rayhana et "appelle le ministre de la culture à soutenir publiquement" sa pièce, dans un communiqué publié jeudi 14 janvier. Il "demande, par ailleurs, au ministre de l’intérieur de redoubler d’efforts afin que l’auteure de cet acte soit identifié et puni".
La Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) a déploré jeudi que "la liberté d’expression et de création" soit "encore menacée en France en 2010". "Menaces, intimidations et agressions mettent en danger la liberté des auteurs de théâtre en France en janvier 2010, comme en témoigne la tentative de meurtre dont a été victime Rayhana", estime dans un communiqué la SACD. L’organisation apporte son "soutien" à cette "auteure en danger", réfugiée en France depuis 2000, "menacée dans son pays, l’Algérie". "La France, pays de Voltaire, Rousseau, Beaumarchais, Camus doit tolérer toutes les religions et refuser les fanatismes (si souvent refuges de l’ignorance)", écrit Louise Doutreligne, vice-présidente de la SACD, dont elle préside la commission théâtre."
Comité Laïcité République
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