8 juin 2017
Une fois de plus, la France a laissé passer l’occasion d’assurer l’égalité des citoyens sur le territoire de la République, en matière de liberté de conscience.
Le Conseil constitutionnel a refusé, dans son arrêt du 2 juin 2017, à la Collectivité guyanaise le droit de statuer sur l’abrogation des règles concordataires locales qui obligent depuis 1911 la collectivité guyanaise dans ses diverses configurations successives - colonie, département, Région, collectivité territoriale - à salarier les prêtres - et uniquement eux d’ailleurs…
Le Conseil constitutionnel n’a pas souhaité voir revenir la Guyane sous la loi commune, malgré la reconnaissance quasi-explicite par l’évêque local de l’aspect exorbitant de la situation actuelle. En effet, ce dernier, Monsieur Emmanuel Lafont, estime dans une interview à La Croix qu’"il serait bon que l’Église renonce d’elle-même à un privilège plutôt que d’attendre qu’il lui soit enlevé", reconnaissant une "situation qui ne correspond plus à la société multiculturelle dans laquelle nous vivons". Notons au passage l’ironie et l’éternelle réticence de l’Eglise catholique, prête à renoncer à ses privilèges non pas au nom de la laïcité unificatrice, mais de la « société multiculturelle ».
On ne peut que regretter que les instances les plus prestigieuses qui disent le droit et la loi en France restreignent depuis un certain nombre d’années l’application du principe de laïcité, comme l’a fait le Conseil d’État à propos de la présence des crèches dans les mairies…
Ne peut-on aussi lire dans cette décision la crainte de voir s’engouffrer dans une éventuelle abolition par une région de cette pratique concordataire, les laïques, qui pourraient exiger qu’enfin, le statut provisoire quasi-centenaire de l’Alsace-Moselle soit aboli ? D’autant que la Région Grand Est est désormais très majoritairement régie par les lois de la République et particulièrement la loi de Séparation ! Au moment où les avancées nationales en matière de couverture de santé mutualiste ont vidé de son contenu l’argument sempiternel de la supériorité du régime rhénan sur le régime social français, certains craindraient-ils pour leurs rentes morales et financières ?
Comité Laïcité République
le 8 juin 2017.
Lire aussi "La Guyane doit continuer à salarier ses prêtres, tranche le Conseil constitutionnel" (marianne.net , 5 juin 17), "Guyane : la rémunération des prêtres par la collectivité territoriale conforme à la Constitution" (AFP, Guyane 1ere, 2 juin 17), "Guyane : le tribunal administratif ordonne au conseil général de continuer à rétribuer les prêtres" (AFP, lagazettedescommunes.com , 30 déc. 14), "Guyane : le Conseil général obligé de payer des prêtres" (AFP, lagazettedescommunes.com , 29 sep. 14), "En Guyane, la justice somme le département de continuer à payer les prêtres" (la-croix.com , 17 juin 14), Guyane : "Le conseil général ne paie plus les prêtres" (Guyane 1ere, 19 mai 14)
la rubrique Crèches de Noël, "Crèches dans les établissements publics : le Conseil d’Etat porte atteinte à la loi de 1905" (Collectif laïque, 6 déc. 16), le communiqué du CLR Crèches de Noël : le Conseil d’Etat alimente la confusion (14 nov. 16), "Crèches de Noël et laïcité : le détricotage de la loi de 1905 continue…" (B. Bertrand, F. Braize et J. Petrilli, marianne.net , 5 déc. 16), "Le Conseil d’Etat ouvre une nouvelle brèche dans la loi de 1905" (B. Bertrand, F. Braize et J. Petrilli, marianne.net , 25 av. 16), "Laïcité : que reste-t-il de la loi de 1905 ?" (F. Braize et J. Petrilli, slate.fr , 21 nov. 13) (note du CLR).
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