17 juin 2014
"Le tribunal administratif de Cayenne a suspendu, lundi 16 juin, la décision du conseil général qui avait cessé, fin mai, de payer le clergé catholique du département, en dépit du droit local.
La décision est tombée lundi matin en Guyane. Le tribunal administratif de Cayenne a ordonné au conseil général de « rétablir sans délai » le versement du salaire des prêtres, suspendu mi-mai [1]. Depuis le mois dernier, 26 des 38 prêtres du diocèse ne touchent plus les 1 500 € mensuels qui constituent leur traitement. « Compte tenu du régime des cultes particulier demeuré en vigueur en Guyane », le tribunal administratif considère dans son ordonnance que l’argumentation des requérants selon laquelle « le département reste tenu de rétribuer les membres du clergé », fait « naître un doute sérieux quant à la légalité des décisions prises » par le conseil général.
Mi-mai, l’évêque de Cayenne, Mgr Emmanuel Lafont, avait reçu un avis l’avertissant que 26 des 38 prêtres de son diocèse ne seraient plus payés par le conseil général. Chaque année, ces salaires représentent environ une enveloppe d’un million d’euros. Une particularité fondée sur la survivance d’un droit ancien mais toujours en vigueur, l’ordonnance royale de Charles X, prise en 1828. Ces dispositions ont été confirmées à plusieurs reprises par le Conseil d’État.
« La justice confirme le droit positif actuel en Guyane, à savoir la charge pour le conseil général de rémunérer les prêtres en Guyane », se félicite l’avocat des prêtres, Me Jérôme Gay. Mais le président du conseil général, Alain Tien-Liong, conteste la décision de justice. Hier, dans une déclaration à la presse locale, il a affirmé ne pas avoir l’intention de la respecter, arguant que la collectivité n’en avait plus les moyens. Selon la presse, les crédits nécessaires ont été alloués à l’intégration de 23 nouveaux sapeurs-pompiers. « Il faut qu’on arrête cette récréation, s’est-il agacé. La Guyane est l’unique département de France où seuls les ministres du culte catholique sont rémunérés par un conseil général. »
Le président du département annonce non seulement vouloir saisir le Conseil d’État, pour invalider la décision du juge guyanais, mais aussi son intention d’attaquer l’État en justice, pour demander le remboursement des salaires versés depuis 1946, date de la départementalisation du territoire français. Soit une somme de 70 millions d’euros. Mais, avant cela, le département devra verser 300 € de frais de justice par prêtre, soit 8 000 € au total. [...]"
Lire "En Guyane, la justice somme le département de continuer à payer les prêtres".
[1] Lire Guyane : "Le conseil général ne paie plus les prêtres" (Guyane 1ere, 19 mai 14) (note du CLR).
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