Comité Laïcité République - La laïcité n’est pas une opinion, c’est la liberté d’en avoir une

Monsieur le Premier Ministre,
Madame la Maire de Paris,
Madame la Présidente et Mesdames et Messieurs les Membres du Jury du prix de la Laïcité,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,

Tout d’abord, je tiens à remercier sincèrement, les membres du jury pour cette distinction qui honore mon action en tant qu’enseignant et citoyen. Liberté de conscience, Égalité de droit entre tous, Laïcité : ces principes républicains ont guidé mon chemin. Mes parents, auxquels je veux rendre hommage ce soir, m’ont très tôt transmis cet héritage qu’à mon tour, dans ma fonction, je m’emploie à faire vivre et transmettre aux plus jeunes.

Au-delà de ma personne, je souhaite partager ce prix avec tous ceux qui, à mes côtés, au sein de l’IUT de Saint-Denis ont œuvré depuis deux ans pour affirmer le principe de laïcité au sein de l’université où d’aucuns, tout à leurs manoeuvres ou leur aveuglement, lui dénient la place primordiale qui lui revient.

Je tiens ainsi à remercier mes collègues dont plusieurs ont été salis et odieusement menacés, quand il ne sont pas aujourd’hui poursuivis : Mélanie DAVID, Marie-Hélène VIGLIANO, Lilia SMAOUI, Florent TETARD, Thierry MERCIER, Valérie BARRES, Jocelyn ACHARD, Didier SALLOT et Patrick VASSALLO.

Au cours des deux années écoulées, nous nous sommes sentis bien seuls. Puis, au fil du temps, les soutiens nous parvinrent, nombreux : ceux, essentiels, de Frédérique CALANDRA, Maire du 20e arrondissement, du député Jean GLAVANY et de la sénatrice Françoise LABORDE, de Lydia GUIROUS mais également des membres du Comité Laïcité République et de la LICRA.
Puis autour d’Isabelle de MECQUENEM, Céline MASSON, Michel GOLDBERG, Philippe SALAUN, Frédéric CHESNAY, Hervé CHRISTOFOL du SNESUP, Laurent DIEZ et Bernard VIRGINIE du SNPTES, c’est toute une chaîne de solidarité qui s’est constituée.

À l’initiative de Guillaume BORDRY et Bernard LICKEL, l’IUT de Saint-Denis a également reçu le soutien, significatif, du réseau des 113 IUT de France.

L’IGAENR a rédigé un rapport me donnant en tout point raison [1], établissant ainsi la vérité sur la réalité des faits délictueux que j’avais dénoncés dès le mois d’octobre 2013.

Enfin au cours de cette année, le soutien affirmé par communiqué de presse de Madame la Ministre de l’Éducation nationale et de Monsieur le Secrétaire d’État à l’ESR a été, pour nous tous, déterminant.

Que tous, ainsi que notre avocat Richard MALKA, trouvent ici l’expression de ma gratitude.

Tous ces soutiens, celui que vous, vous nous exprimez aujourd’hui, nous sont précieux. Nous en avons plus que jamais besoin.

Entre le 31 janvier 2014 et le 9 octobre dernier, j’ai été victime de 2 agressions physiques, et destinataire de 32 lettres ou messages de menaces de mort. Il semble clair que ces intimidations répétées ont pour objectif de nous faire peur, nous déstabiliser, nous contraindre à la démission.

Les derniers événements montrent que rien ne nous est épargné. Ainsi, certains laissent entendre sans vergogne que j’aurais tout manigancé… J’imagine que cela a pu semer le doute dans certains esprits et je peux le comprendre. Mais n’en déplaise à nos détracteurs, les faits parlent d’eux mêmes. Manipulations et calomnies sans fin sont démontées les unes après les autres et je sais, au fond de moi, que l’Histoire ne se trace que dans la vérité.

Fort de l’appui quotidien et réconfortant de ma femme Anne, ici présente, que je remercie du fond du cœur, de mes enfants, Mickaël, Valentin, Gabriel et Léo, de ma famille et de ma belle-famille, à aucun moment, je n’ai songé abandonner. Pourtant, chacun le comprendra, la situation est dure à vivre aussi pour eux.

Les valeurs de la République doivent être défendues partout et surtout au sein des universités qui ont un rôle si important dans la construction d’une société plus égalitaire. Condorcet fut un des premiers à montrer combien l’émancipation des femmes et des hommes passe par l’autonomie des savoirs et la liberté de conscience des individus. L’université est le lieu symbolique par excellence où l’un et l’autre se déploient. L’université est une chance aussi pour notre rayonnement international et notre développement économique. Toute volonté de repli sur soi, sur sa religion, sur sa communauté est antinomique avec ce qui fait l’essence même de l’université française. La Laïcité lui est consubstantielle.

Mes amis, au moment où l’extrême droite menace de se rapprocher du pouvoir, l’heure doit être à la lucidité, au courage, au rassemblement autour des principes républicains et de la laïcité. C’est le sens de l’appel que je lance ce soir à tous les universitaires de France afin que l’enseignement supérieur constitue, aux côtés des autres lieux de transmission et d’élaboration des savoirs, ce ciment d’un vivre ensemble apaisé et d’une société plus fraternelle dont nous avons tant besoin.

Je vous remercie.