par José Cohen et Philippe Grimbert. 7 juin 2016
"Les propos d’Eric Cantona suggèrent que les choix opérés par le sélectionneur de l’équipe de France Didier Deschamps seraient la conséquence de l’influence d’une société de plus en plus raciste au dépens d’un choix sportif plus rationnel. Le patronyme et les origines supposées du sélectionneur national ne feraient que renforcer un parti pris délibérément ethnique dans la composition de l’équipe de France de football. Au-delà des polémiques et des passions soulevées par ces questions, il nous a semblé à nous, universitaires impliqués dans la gestion médicale et scientifique des disparités et compatibilités entre individus, nécessaire de procéder à une analyse scientifique rigoureuse des enjeux et des solutions à cette question.
Notre travail a consisté à recueillir toutes les informations ethniques disponibles sur l’origine précise et non fantasmée des joueurs de la sélection nationale. Aux justes constatations d’Eric Cantona quant à la faible représentation des joueurs d’origine maghrébine s’ajoute un constat accablant. L’analyse révèle les faits scientifiques suivants : il existe une surreprésentation notable de joueurs issus d’une immigration directe ou de seconde génération provenant de l’Afrique subsaharienne de l’Ouest (100 %) au détriment des joueurs issus de l’Afrique subsaharienne de l’Est (0,00 %) ; De plus, nous avons observé une absence totale de représentant des communautés originaires d’Asie alors même que notre population nationale compte sur son territoire près de 500 000 individus. Fait plus troublant encore, aucun joueur de confession ou même de patronyme suggérant une ascendance juive n’est présent au sein de l’équipe alors même que la France accueille la troisième communauté juive du monde.
Ces chiffres mettent en lumière la politique discriminante opérée par la fédération à l’encontre de ces dernières populations. L’absence de représentants, notamment des deux dernières sous-catégories, au sein de l’élite footballistique relève probablement d’une politique de blocage ethnique s’opérant aux stades les plus précoces de la formation. Encore plus inquiétant, alors même que la France ouvre sa législation à la reconnaissance civile des minorités sexuelles et au mariage pour tous, l’équipe de France ne compte aucun joueur à la sexualité clairement définie comme homosexuelle (n = 0), laissant supposer des dérives largement homophobes au sein des instances de sélection.
Tous ces éléments ne sont pas sans surprendre les observateurs rigoureux que nous revendiquons être. En effet, l’analyse sur dix-sept générations de la famille Deschamps n’a pas permis d’identifier (sous réserve d’une analyse génétique plus complète, encore en cours par des techniques performantes) la moindre origine assurant un quelconque brassage ethnique minimal.
Les faits constatés ne peuvent qu’engendrer au sein de notre population un sentiment légitime d’exclusion ou de non-représentation de ce qu’elle exprime de sa diversité ethnique et sexuelle. Afin d’éviter qu’un climat délétère, voire insurrectionnel, ne se développe au sein de notre pays, il nous a paru opportun d’effectuer les recommandations suivantes : à l’instar de la recette du quatre-quarts, nous proposons dans un premier temps que l’équipe de France soit subdivisée en quatre groupes ethniquement identifiables, à savoir : un quart de représentants d’origine européenne ; un quart de représentants d’origine maghrébine, un quart de représentants d’origine africaine.
Dans un premier temps, le dernier quart devra impérativement regrouper des joueurs issus des communautés cambodgienne, juive (ashkénaze et séfarade à parts égales, quoique…), rom et arménienne. Une attention toute particulière sera portée à la présence de joueurs originaires de pays ayant subi des exactions de l’Etat français pendant la colonisation. Il conviendra rapidement d’ajuster cette représentation en fonction des dernières données ethniques disponibles.
Les joueurs issus de la communauté homosexuelle pourront être insérés indifféremment dans chacun de ces groupes dans la mesure où leur statut sexuel aura été certifié par des instances homologuées (Fédération sportive gay et lesbienne). Quoi de plus important pour la sélection française que d’avoir à sa tête un sélectionneur issu de la diversité ? Il appartiendrait à la FFF de s’assurer que le prochain mandat de sélectionneur soit confié à un entraîneur dont au moins deux grands-parents sur quatre seront nés hors du sol européen. Une commission pourra accepter de descendre éventuellement à un grand-parent à condition que le sélectionneur soit marié avec une personne issue de la diversité.
Pour finir, la notion d’équipe de France de football masculine peut paraître à bien des égards discriminante et non respectueuse des règles de la parité. Et de l’égalité femmes-hommes. Il conviendra donc de s’interroger dans un avenir proche sur les conséquences graves d’une politique institutionnelle qui s’acharne à exclure systématiquement les femmes de l’équipe de France masculine de football.
Nous proposons que, sous l’égide du gouvernement, un " Grenelle du football et de la diversité " soit organisé au plus vite. Nous attendons également une lettre des impétrants à l’élection présidentielle française précisant leur position sur ce sujet."
Lire aussi "Le football dans le piège identitaire ?" (E. Debono, Le Monde, 5 juin 16), le communiqué du CLR « Affaire Benzema » : Contre la racialisation, Liberté, Egalité et Fraternité ! (4 juin 16) et M. Boutih : « Les propos de Jamel Debbouze, c’est du poison » (Le Parisien, 1er juin 16), Derrière l’ "affaire Benzema", les "bonnes intentions antiracistes obsessionnelles" (G. Chevrier, T. Yildiz, atlantico.fr , 2 juin 16), L. Bouvet : "Affaire Deschamps-Benzema : la dérive identitaire des « antiracistes »" (lefigaro.fr/vox , 1er juin 16), S. Beaud, G. Noiriel : "Race, classe, football : ne pas hurler avec la meute" (Libération, 6 mai 11), S. Beaud : « Un endroit où il n’y a pas de discrimination raciale » (Le Monde, 2 mai 11), “Le foot français nie vouloir imposer des quotas” (Le Monde, 2 mai 11), "La dérive identitaire de Houria Bouteldja" (Libération, 25 mai 16), "Verdun 2016 : la victoire des identitaires ?" (I. Kersimon, lefigaro.fr/vox , 16 mai 16), la note de lecture H. Bouteldja : Le complexe de persécution, "L’inquiétante racialisation du discours de gauche" (F. Noudelmann, Le Monde, 12 mai 16), J. Julliard : « Aux sources de l’islamo-gauchisme » (Le Figaro, 2 mai 16), "Le Camp d’été décolonial ou les pseudos antiracistes dévoilés" (T. Andriamanana, medium.com , causeur.fr , 5 mai 16), La républicophobie, une maladie qui gagne les égoïstes et les sots, "Interdit aux Blancs" (J. Dion, Marianne, 22 av. 16), "« La non-mixité racisée » : un racisme qui ne dit pas son nom" (A. Jakubowicz, 14 av. 16), "Employer la cause de l’antiracisme contre elle-même" : Gilles Clavreul, Tariq Ramadan, les "Indigènes" (lefigaro.fr/vox , 17 déc. 15), "Les idiots utiles de l’islamisme radical" (T. Gadault, hexagones.fr , 1er déc. 15), "La mouvance antiraciste malade du confusionnisme" (J. Dion, marianne.net , 20 mars 15) (note du CLR).
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