4 juin 2016
A la veille de l’Euro, cette grande fête du football populaire, une polémique détestable trouble les esprits. Karim Benzema, qui n’a pas été retenu dans la sélection nationale, accuse « la pression d’une partie raciste de la France », à laquelle le sélectionneur Didier Deschamps aurait cédé. Eric Cantona, quant à lui, pointe le fait que le sélectionneur de l’équipe de France a « un nom bien français », et que « personne dans sa famille [ne serait] mélangé avec quelqu’un ». Enfin, Jamel Debbouze estime que l’équipe de France devrait être « le reflet » de la diversité de la France. Autrement dit, de ses composantes ethniques [1].
Faut-il donc que, pour sélectionner les joueurs, une logique de « discrimination positive » prime sur les compétences sportives et l’exemplarité ?
Une fois de plus, on fait le procès de la France, de sa laïcité, de la République égalitaire. C’est pourtant grâce à elle que nombre d’enfants amoureux du foot bénéficient partout d’un égal accès à des clubs, avec la certitude qu’on ne les regardera pas comme de telle origine, ou de telle religion, de telle couleur, mais qu’on retiendra leur envie de jouer, de participer, de gagner, dans un esprit de respect.
Ces propos nourrissent un préjugé raciste envers la France qui ne fait que « contribuer à sabrer l’identité républicaine au profit des identités ethniques qui cherchent à s’imposer », dénonce le député Malek Boutih, ancien président de SOS Racisme. C’est du « poison » pour les gamins des quartiers, une « paranoïa » qui alimente « les théories du complot », ajoutant « des tensions » dans un contexte que l’on sait déjà fragile, en jetant de l’huile sur le feu.
Nous ne voulons pas de cette vision racialisée de la France, qui conduit à la division du peuple, à la mise en concurrence de groupes ethniques ou religieux, au détriment de ce qui peut rassembler les individus selon leur condition et intérêts communs à défendre, par-delà toutes les différences. Penser comme ceux-là, c’est contribuer à l’adage « diviser pour régner ». Ce sont nos principes communs qu’il faut défendre et promouvoir, principes humanistes de Liberté, d’Egalité et de Fraternité, qui se concrétisent notamment à travers la pratique sportive, puissant vecteur d’intégration pour les jeunes.
L’équipe de France, c’est la France ! Au-delà de chacun de ses joueurs, elle porte un modèle de valeurs qui exige l’exemplarité.
A contrario d’une vision négative et stérile de la société, la grande fête qui se prépare, avec des joueurs qui vont faire le spectacle, représentera toute la France, ses talents, son esprit d’équipe. Une France qui est déjà derrière eux pour nous emmener le plus loin possible, et que le meilleur gagne !
Comité Laïcité République
le 4 juin 2016.
[1] Jamel Debbouze est revenu sur ses propos , le 2 juin sur RTL : « J’ai livré un sentiment, je n’aurais jamais cru que ça prenne autant de place. J’en suis désolé ».
Lire aussi M. Boutih : « Les propos de Jamel Debbouze, c’est du poison » (Le Parisien, 1er juin 16), Derrière l’ "affaire Benzema", les "bonnes intentions antiracistes obsessionnelles" (G. Chevrier, T. Yildiz, atlantico.fr , 2 juin 16), L. Bouvet : "Affaire Deschamps-Benzema : la dérive identitaire des « antiracistes »" (lefigaro.fr/vox , 1er juin 16), S. Beaud, G. Noiriel : "Race, classe, football : ne pas hurler avec la meute" (Libération, 6 mai 11), S. Beaud : « Un endroit où il n’y a pas de discrimination raciale » (Le Monde, 2 mai 11), “Le foot français nie vouloir imposer des quotas” (Le Monde, 2 mai 11), "La dérive identitaire de Houria Bouteldja" (Libération, 25 mai 16), "Verdun 2016 : la victoire des identitaires ?" (I. Kersimon, lefigaro.fr/vox , 16 mai 16), la note de lecture H. Bouteldja : Le complexe de persécution, "L’inquiétante racialisation du discours de gauche" (F. Noudelmann, Le Monde, 12 mai 16), J. Julliard : « Aux sources de l’islamo-gauchisme » (Le Figaro, 2 mai 16), "Le Camp d’été décolonial ou les pseudos antiracistes dévoilés" (T. Andriamanana, medium.com , causeur.fr , 5 mai 16), La républicophobie, une maladie qui gagne les égoïstes et les sots, "Interdit aux Blancs" (J. Dion, Marianne, 22 av. 16), "« La non-mixité racisée » : un racisme qui ne dit pas son nom" (A. Jakubowicz, 14 av. 16), "Employer la cause de l’antiracisme contre elle-même" : Gilles Clavreul, Tariq Ramadan, les "Indigènes" (lefigaro.fr/vox , 17 déc. 15), "Les idiots utiles de l’islamisme radical" (T. Gadault, hexagones.fr , 1er déc. 15), "L’antiracisme investi par le communautarisme" (Respublica, 28 av. 15), "La mouvance antiraciste malade du confusionnisme" (J. Dion, marianne.net , 20 mars 15) (note du CLR).
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