Revue de presse

"Le Camp d’été décolonial ou les pseudos antiracistes dévoilés" (T. Andriamanana, medium.com , causeur.fr , 5 mai 16)

5 mai 2016

"[...] Leur véritable tare, ce n’est pas faire du racisme inversé, c’est faire du racisme tout court. Ce n’est pas d’exclure les Blancs mais de perpétuer l’exclusion des Noirs et des Maghrébins, en les écartant de la communauté nationale. [...] Créer une instance, un débat ou un camp d’été où les Blancs seraient exclus ne favoriserait pas les Noirs. Bien au contraire, une telle initiative ne fait que renforcer les stigmatisations. [...]

Certains justifient la non-mixité raciale en citant les réunions féministes basées sur une non-mixité de genre. Sauf que les arguments pour défendre la non-mixité de genre ne peuvent pas transposés tels quels pour défendre la non-mixité raciale. Les contextes politiques sont différents.

Car le plus important ici, ce n’est pas un mode d’action mais les idées bien spécifiques qui l’ont justifié. [...]

Le problème de cette vision du monde, c’est qu’elle voit l’Histoire comme un tout. Avec un même sens. Tant du point de la direction (les Blancs domineront toujours quelle que soit l’époque) que de la signification (tout événement à un temps t peut se lire comme une preuve de la domination blanche). C’est une vision qui croît en une Loi de l’Histoire immuable, loi qui profiterait toujours aux mêmes.

Or, l’Histoire est plus compliquée que cela. Elle est faite d’avancées, de soubresauts, de reculs, de pertes et de conquêtes. Il est difficile de lui donner un même sens, dans toutes les acceptations du terme. Tout n’est pas tracé, rectiligne. La France a connu l’esclavage, l’abolition de l’esclavage, la colonisation, la décolonisation, la Françafrique, le 6 février 1934, le Front Populaire, Vichy, la Résistance… Elle a connu aussi la Révolution, la Terreur, le 1er Empire, la Restauration, le 2nd Empire, la République…

Mais au delà des raccourcis historiques, cette référence post-coloniale a un autre défaut, plus grave. Elle ramène nombre de Français et notamment de jeunes Français à une condition fantasmée d’étranger. On les ramène à une Histoire qui n’est pas la leur. La France de 1789, de l’école gratuite, de la Sécurité sociale, ce n’est pas leur héritage.

Cette vision les amène non pas à se penser comme membre à part entière de la communauté nationale mais comme d’éternels étrangers. En leur inventant un passé fantasmé, on les empêche d’avancer, de faire leurs propres choix.

Là est la vraie perversité de ce Camp : l’assignation identitaire. Parce qu’on a telle couleur de peau, parce que nos parents ne sont pas nés en Picardie, on appartient forcément à tel groupe, tel clan. Un clan à qui on a des comptes à rendre. [...]"

Lire "Le Camp d’été décolonial ou les pseudos antiracistes dévoilés".



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