Communiqué du Comité Laïcité République

L’arabe dès le CP : la République doit au contraire promouvoir l’accueil de tous dans la langue nationale (CLR, 25 juin 16)

25 juin 2016

Le Comité Laïcité République interpelle la ministre de l’Education nationale sur l’introduction de l’apprentissage de la langue arabe dès le CP, dans le contexte de la fin des ELCO.

Les enseignements de langue et de culture d’origine (ELCO), concernent neuf pays (l’Algérie, la Croatie, l’Espagne, l’Italie, le Maroc, le Portugal, la Serbie, la Tunisie et la Turquie), sur la base d’accords bilatéraux qui en donnent à ces derniers la la maîtrise. Ils commencent au CE1. Il était urgent de les supprimer, ceux-ci s’étant parfois transformés en cours de religion voire d’encadrement politique. Nous partageons le soulagement des enseignants et des parents d’élèves à cette annonce qui résonne aussi comme une victoire de la raison.

Les ELCO sont censées disparaitre en généralisant l’offre de langues qu’elles enseignaient, faisant passer ces « langues d’origine » au statut de « langues étrangères ». Déjà dans le cadre des ELCO, l’arabe était enseigné en regroupant les enfants des pays du Maghreb, en étant le plus gros pourvoyeur dans ce domaine. Dans cette nouvelle offre, on ne saurait comparer l’impact de l’enseignement du croate et celui de l’arabe, nous ne sommes pas du tout sur les mêmes enjeux. Les ELCO posaient un problème d’assignation de certaines populations à telle culture ou religion, on comprend mal que leur suppression se transforme en opportunité pour la ministre d’introduire la langue arabe dans le programme, dès le CP. Cela intervient, alors que l’on réduit par la réforme du collège la place du français, avec un effondrement de la qualité de son usage, que tous les enseignants déplorent.

Est-il opportun et sérieux de promouvoir dès le CP d’autres langues, déjà parlées dans de nombreuses familles, alors que la communauté républicaine doit au contraire promouvoir l’accueil de tous dans la langue nationale, ce qui fait déjà problème ? Nos concitoyens ou les résidents dont la présence sur le sol français est récente n’ont-ils pas avant tout besoin d’une maîtrise essentielle de la langue française dès la petite enfance, au moment où l’on parle de socle de connaissances communes ? Et puis le français est la langue qui nous unit, qui sert de base à des revendications politiques, vecteur d’identité, langue de l’Etat, de la Nation, langue du peuple, de ses droits. N’était-ce pas l’occasion au contraire de redonner au français une place, qui est de l’avis de tous essentielle, pour la cohésion nationale ?

Quelle langue arabe va-t-on enseigner, l’arabe dialectal maghrébin, l’arabe classique d’usage strictement littéraire, dont on ne voit pas bien la place au CP, alors que l’enseignement de son équivalent, le latin, a été mis en annexe de façon anecdotique au programme des collèges et lycées ?

De plus, qui va recevoir cet enseignement ? La ministre le destine à des zones présentant des signes de « singularités territoriales », concernant donc implicitement des enfants dont les familles sont d’origine maghrébine. L’arabe est lié à une immigration, c’était le sens donnée aux ELCO, un traitement particulier tenant d’abord compte d’un « droit à la différence » qui a fait les dégâts que tous constatent. Ne faudrait-il pas enfin sortir de cette assignation ? Il faut permettre à l’arabe d’être enseigné du secondaire au supérieur de façon maîtrisée, à un public mieux à même d’y accéder par choix d’un enseignement parmi d’autres et non, pour faire retour à une langue d’origine.

Que penser de l’objectif d’une telle annonce à un an des élections présidentielles, alors que l’Éducation nationale n’a ni le temps, ni les moyens, ni les ressources humaines lui permettant de mettre en place cet enseignement ? Il y a là bien des doutes à lever, et un trouble à dissiper, qui traversent la communauté éducative et plus largement l’ensemble des citoyens.

Comité Laïcité République
le 25 juin 2016
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