Revue de presse

« Ne soyons pas naïfs sur le symbole de cette étoffe » (A. Wassef, liberation.fr , 17 août 16)

Aalam Wassef, éditeur égyptien. 18 août 2016

Le Collectif Contre l’Islamophobie en France (CCIF) "[...] s’érige en défenseur non pas « des musulmans de France », mais d’une mouvance extrémiste très singulière, le wahhabisme de France. Si le CCIF est libre de s’associer au wahhabisme par choix ou par ignorance, il est en revanche du devoir de l’État français d’en protéger l’ensemble de ses citoyens.

[...] Puritains autoproclamés, les wahhabis promeuvent en effet un rejet total et meurtrier de toute forme d’Islam ou de pratique religieuse différente de la leur.

Dès les années 1970, l’Arabie saoudite modernisée, désormais à la tête de la plus grande fortune au monde, s’emploie à exporter son idéologie : universités, écoles, livres, cassettes, DVD, universités, bourses d’études, fondations caritatives, formation d’imams, chaînes satellites, mode de vie, mode vestimentaire, voile, niqab, burkini, lieux de rencontre et de culte, sites Internet, quotidiens et hebdomadaires… Depuis 1970, on évalue les sommes investies dans la propagation du wahhabisme à 100 milliards dollars. C’est à ce prix que le wahhabisme donne l’illusion d’être l’Islam « le plus authentique », « le plus pur ». Ni plus authentique, ni plus pur, le wahhabisme est simplement le courant religieux le plus jeune, et le plus riche au monde.

Occupés à convertir le monde entier depuis moins de quarante ans, les pétro-wahhabis ne se laissent pas pour autant divertir et se préoccupent tout particulièrement des femmes, de leur corps, de leurs devoirs, de leur pudeur et, peut-on entendre aussi, de leur honneur. En 2016 une femme saoudienne digne de ce nom ne circule qu’en compagnie d’un homme, dissimule son corps tout entier et ne conduit pas. Son apparence et son comportement public sont les unités de mesure par lesquelles s’évalue la dignité de son mari et de sa communauté tout entière. Les écarts sont sanctionnés lourdement. Derrière le niqab ou le burkini, c’est aussi cela qui s’exporte en France, mais dans des versions nécessairement édulcorées parce que la loi française protège les femmes.

Confronté à la juridiction française le wahhabisme militant doit composer avec un contexte qui lui résiste, mais dans lequel les brèches semblent nombreuses. La première d’entre elles, et la plus dangereuse, c’est la culture contemporaine des « droits individuels » ou s’est abîmée la liberté. Il est fréquent d’entendre que le niqab, le voile ou le burkini relèvent de « la liberté d’expression » ou du « droit des femmes à disposer de leur corps ». S’y opposer, c’est être « islamophobe », c’est-à-dire s’attaquer à tous les musulmans. L’objectif est naturellement que toute condamnation justifiée du wahhabisme institutionnel en particulier soit rapidement perçue et narrée comme visant les musulmans français en général.

Bien sûr toutes les femmes qui portent des burkinis en France ne sont pas des émissaires wahhabites mais ne soyons pas naïfs sur le symbole de cette étoffe. Il n’y a aucune honte à condamner l’extrémisme islamiste et à lui barrer la route par tous les moyens légaux possibles. Il n’y a là rien de politiquement incorrect ou de comparable au discours raciste et antimusulman du Front National. Cela ne revient pas non plus à ignorer que des actes antimusulmans sont perpétrés en France. Leur nombre de 140 en 2014 a triplé durant la triste année 2015. David Lisnard, le maire de Cannes, a fait dans sa ville ce qu’il fallait faire. Interdire les burkinis dont le nom s’amuse jusqu’à la nausée de la burqa des talibans n’est pas un acte islamophobe. C’est plutôt le signe que nous n’avons pas peur de dire qu’Islam et wahhabisme sont deux choses radicalement distinctes, et que le second menace le premier depuis plus de deux siècles."

Lire "« Ne soyons pas naïfs sur le symbole de cette étoffe » par Aalam Wassef".


Lire aussi "Un vêtement pas comme les autres" (Amar Bellal, PCF 13, 16 août 16), Le burkini est "destiné aux femmes musulmanes voulant respecter les préceptes de leur religion", selon 20minutes.fr (avec AFP), Burkini : "L’islamisme prend d’abord la forme d’un impérialisme culturel" (M. Bock-Côté, lefigaro.fr/vox , 9 août 16), "Liberté à la piscine (privée) pour les bigotes musulmanes, laïcité dans la sphère publique !" (C. Arambourou, Ufal, 10 août. 16), "Vu d’Algérie. Burka et burkini, une provocation inutile en France" (algerie-focus.com / courrierinternational.com, 8 août 16), "Le burkini de la discorde" (J.-M. Bouguereau, larepubliquedespyrenees.fr , 5 août 16), "Le burkini de trop !" (LDIF, 4 août 16),Parc aquatique privatisé : "Religions, repli communautaire", avec Guylain Chevrier (France Bleu, 4 août 16), "Marseille : la privatisation d’un parc aquatique jugée « communautariste » par des élus" (lefigaro.fr , 3 août 16), "Hijab Day, Burkini : la femme est toujours l’arme du crime" (F. Boudjahlat, marianne.net , 13 juil. 16), "Merci Madame la Ministre pour votre colère à propos de la mode islamique !" (Associations féministes et laïques, 31 mars 16), "Marché de « la mode musulmane » : extension du domaine de l’islam politique" (I. Kersimon, lefigaro.fr/vox , 25 mars 16), "Burkini autorisé, string interdit : des vagues dans les parcs aquatiques français" (madame.lefigaro.fr , 14 août 15), G. Chevrier : "Voile à la plage : entorse à la laïcité ou choc culturel ?" (lefigaro.fr/vox , 19 août 14), Burqa : dignité contre liberté ? Le précédent juridique du lancer de nains (liberation.fr , 18 déc. 09), "L’islam en France : ce qui est légitime et ce qui ne l’est pas" (P. d’Iribarne, lefigaro.fr/vox , 4 août 16) (note du CLR).


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