Revue de presse

"Fin de vie : Macron et le chemin « possible » vers l’aide à mourir" (Le Figaro, 10-11 fév. 24)

(Le Figaro, 10-11 fév. 24). 10 février 2024

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"Le président a reçu jeudi soir des représentants des cultes, des médecins, des philosophes pour aborder le sujet hautement sensible de la loi annoncée sur la fin de vie.

Par Agnès Leclair

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Lire "Dîner sur la fin de vie à l’Élysée : Emmanuel Macron à la recherche d’un chemin « possible » vers l’aide à mourir".

[...] Cinq représentants des cultes ont échangé jusqu’à près de minuit avec le chef de l’État sur le futur texte qui doit ouvrir une aide active à mourir : Mgr Matthieu Rougé, évêque de Nanterre et membre du Conseil permanent de la Conférence des évêques de France, Haïm Korsia, le grand rabbin de France, le pasteur Christian Krieger, président de la Fédération protestante de France, Mgr Dimitrios Ploumis, président de l’Assemblée des évêques orthodoxes de France et Antony Boussemart, coprésident de l’Union bouddhiste de France.

À leurs côtés, une vingtaine de personnalités — politiques, médecins, penseurs - ont nourri cet échange, chacun prenant librement la parole, sans tour de table. Malgré des échanges courtois, respectueux, le sujet divise. L’aide active à mourir ? Une rupture anthropologique majeure pour les religieux. Un acte contraire au soin pour une grande partie des médecins. Une évolution nécessaire et humaniste pour d’autres. Et un projet qu’Emmanuel Macron ne prend pas à la légère. Écouter. Ne pas froisser. Consulter avant d’avancer... Le chef de l’État ne souhaite pas passer en force et prend son temps. Au cours des derniers mois, il a semblé tantôt déterminé, tantôt hésitant, reportant le texte à plus tard, et laissant filtrer peu d’informations sur son intime conviction.

Aux dernières nouvelles, le texte devrait être présenté fin février et débattu avant l’été. Jeudi soir, Emmanuel Macron n’est pas rentré [1] dans le détail du futur texte ni sur son calendrier. « On sent qu’il a envie d’agir mais aucune échéance précise n’a été annoncée », indique le pasteur Christian Krieger, président de la Fédération protestante de France.

Le distinguo entre euthanasie et suicide assisté n’a pas non plus été au cœur des discussions. « La France ne suivrait pas le modèle suisse, belge ou canadien. Elle garderait sa spécificité et, dans des cas extrêmes, il y aurait une nouvelle possibilité d’aller plus loin que la sédation profonde et continue, après une décision collégiale », rapporte Haïm Korsia. Selon le grand rabbin de France, le futur texte sur la fin de vie pourrait s’inscrire « dans l’extension de ce qui existe aujourd’hui » pour couvrir des situations qui ne rentrent [2] pas dans le cadre de la loi actuelle. Mais « sans changer de paradigme, sans rupture anthropologique ». « Exception d’euthanasie ? Exception de suicide assisté ? Quand on est sorti du dîner tout le monde se demandait ce que cela voulait dire », pointe un autre invité, désarçonné par la tournure très philosophique de la conversation. [...]

Si le président a fait un nouveau pas vers la mort choisie, il n’a pas négligé le développement des soins palliatifs, l’autre volet de la loi fin de vie. Les responsables religieux plaident pour un texte législatif séparé sur les soins palliatifs afin de ne pas mêler le soin et la mort choisie. Cette position a également été défendue dans une tribune à l’automne par Frédéric Valletoux (Horizons), tout juste nommé ministre délégué à la Santé, mais absent au dîner. Jeudi soir, le chef de l’État a avant tout défendu la nécessité d’une prise en charge précoce en soins palliatifs, qui seront renommés soins d’accompagnement, bien avant la toute fin de vie des patients. « Il estime que la culture palliative doit se diffuser dans tout le soin, de manière transversale, et ne pas rester cantonnée à des unités spécialisées. Les soins palliatifs doivent s’inscrire dans le continuum du soin. Il s’est aussi montré très sensible à la dimension humaine de l’accompagnement des malades et à la présence auprès des personnes en fin de vie », précise le pasteur Christian Krieger. Mais la fin de vie devrait bien faire l’objet d’un seul texte. « La loi doit concilier deux éléments éthiques essentiels : la solidarité et l’autonomie. Il y a une humanisation à trouver dans le parcours de soin des personnes en fin de vie. Pour rendre cette démarche cohérente, la loi ne peut être découpée », estime Alain Claeys, membre du CCNE également présent au dîner et riche de son expérience de coauteur du précédent texte sur la fin de vie."

[1"entré" (note de la rédaction CLR).

[2"entrent" (note de la rédaction CLR).



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