CLR Ile-de-France

Fête de la laïcité (5 juil. 09) : intervention de Marie-Danielle Gaffric

6 juillet 2009

Aujourd’hui nous sommes réunis pour la 9e fête de la laïcité. Merci à l’association du Chevalier de la Barre et à son président, Daniel Bénichou pour cette 9e initiative.

L’an dernier le Comité Laïcité et République dénonçait les discours du Latran et de Riyad du président de la République. Ce discours avait inquiété à juste titre tous les laïques. La notion de laïcité positive, cher au président, en était la matrice.

En gros positiver en laïcité était tendance en 2008.

Il semble que notre président hésite désormais à qualifier la laïcité. Peut-être grâce à notre engagement militant, qui sait ?

Tous les laïques sont conscients que qualifier la laïcité en réduit le sens. Or il n’y a rien à jeter dans notre loi de 1905.

Il n’y a rien à jeter parce que la laïcité est ce qu’elle est et doit le rester. C’est une loi de séparation du politique et du religieux. Des églises et de l’Etat. Conservons-la comme elle est, même s’il faut continuer de déplorer que cette loi soit trop souvent bafouée par nos élus à tous les niveaux et quelle que soit leur tendance politique, de droite comme de gauche, hélas !

Comment passer sous silence entre autre cet énorme scandale des écoles religieuses confessionnelles, catholiques, protestantes, juives et musulmanes, largement subventionnées par l’état. Il est évident que ces subsides corrélés à un discours dépréciatif sur les écoles de la République, ont un but. Ce but consiste à détruire l’école publique. Ainsi sera adopté le modèle anglo-saxon qui coûte cher aux parents mais beaucoup moins cher que le modèle actuel à l’Etat.

Fini le modèle républicain un et indivisible et naissance du modèle anglo-saxon communautariste.

Dès l’enfance nos petits seront séparés et seuls des ghettos seront financés par l’état pour les plus démunis. Bel idéal ! Heureusement que l’école de la République, en dépit de toutes les attaques qu’elle subit et de tous les privilèges octroyés aux écoles confessionnelles, tient bon.

Mais la laïcité, c’est surtout le respect de la liberté de conscience. Libre à chacun de croire ou de ne pas croire.

C’est au nom de cette liberté que nous fermons les yeux sur les voiles intégraux ou presque qui transforment certaines femmes en fantômes. Ces femmes n’ont–elles pas le droit d’afficher leur croyance, aussi sectaire soit-elle ?

Pourtant nous sursautons en les rencontrant. Et il faut avouer que, pour les femmes qui, dans les années soixante-dix (mais aussi les autres) se sont battues pour l’égalité en droit avec les hommes, et qui l’ont obtenue, ça fait très mal ! Quelle régression !

Tous, nous nous interrogeons. Au nom de la liberté de conscience, faut-il laisser ces femmes libres de s’aliéner (quel paradoxe) et tolérer ce qui nous semble intolérable ?

Oui, mais en interdisant ces voiles de la honte, ne stigmatisons nous pas une religion même si elle s’exprime de la façon la plus sectaire qui soit ?

Et puis, si une loi en décidait l’interdiction, n’aggraverait-elle pas le choc des cultures ? Ne condamnerions-nous ces prisonnières à l’extérieur de rester enfermées chez elle, prisonnières à l’intérieur ?

Mais ne sont-elles pas des porte-drapeaux arrogants d’un sectarisme qui cherche à s’imposer aux autres ? Faut–il privilégier l’intérêt particulier au détriment de l’intérêt général ?

En refusant la liberté d’exister aux yeux des autres, ces femmes masquées ne refusent-elles pas l’intégration dans notre République dont elles réfutent la devise :

Liberté : Elles sont emprisonnées même dans la rue,

Egalité : Mais à quand le niqab pour les hommes ?

Quant à la fraternité, peut-elle exister quand on se refuse aux regards des autres et qu’on se livre à la « servitude volontaire » dans sa communauté ?

Beaucoup de questions se posent à nous dont nous n’avons pas les réponses.

En posant toutes ces questions j’excède un peu la parole du CLR et je parle en mon nom. Oui, je le fais parce que je pense à mes amies musulmanes qui aiment leur pays, celui où elles sont nées, la France, et en respectent les principes.

Elles ont peur de cette lente et, semble-t-il, inexorable montée d’un intégrisme sectaire, intolérant et fanatique, où elles ne se reconnaissent pas.

Que vivent la liberté, la laïcité et que notre République une et indivisible demeure.



Comité Laïcité République
Maison des associations, 54 rue Pigalle, 75009 Paris

Tous droits réservés © Comité Laïcité RépubliqueMentions légales