Le bilan du quinquennat de Nicolas Sarkozy en matière de laïcité est particulièrement négatif, au point de fragiliser la clé de voûte de l’édifice républicain. La promotion par le Président sortant d’une laïcité dite positive n’avait d’autre but que de vider la laïcité de son contenu. Elle a favorisé la montée en puissance d’un système libéral-communautariste qui à terme menace la citoyenneté.
En témoignent notamment :
- la tentative de réécriture du Préambule de la Constitution pour y introduire les notions de différence, de diversité et de discrimination positive, que refusa heureusement Simone Veil,
- les discours de Latran (« l’instituteur qui ne pourra jamais remplacer le curé »), de Ryad (Dieu « transcendant qui est dans la pensée et le cœur de chaque homme »), de l’Elysée, à l’occasion de la réception de Benoit XVI (la « laïcité positive qui rassemble contre la laïcité qui exclut »),
- la mise en œuvre de dispositions prévues par la commission Machelon, elle-même constituée (alors que N. Sarkozy était ministre de l’Intérieur) pour contourner la loi de 1905 de séparation des églises et de l’Etat, en particulier son article 2 qui prévoit que la République ne reconnaît ni ne subventionne aucun culte. Ainsi la voie a-t-elle été largement ouverte au financement des associations cultuelles, via des associations culturelles,
- l’institutionnalisation des cultes dans la vie publique par la circulaire de Claude Guéant, ministre de l’Intérieur, en date du 21 avril 2011, demandant aux Préfets de mettre en place dans chaque département des conférences de la liberté religieuse (en contravention avec l’article un de la loi de 1905),
- la Loi Carle qui, dans la filiation de la loi Guermeur, ouvre un peu plus le financement public aux établissements d’enseignement privés,
- la reconnaissance de diplômes universitaires du Vatican,
- des initiatives diverses en faveur de la discrimination positive,
- des concessions incessantes aux conservatismes religieux sur les questions d’éthique : refus de la révision des lois de bioéthique votée par le Sénat, refus d’avancer sur le droit à mourir dans la dignité que soutient une immense majorité de la population, refus du mariage homosexuel…
Pour toutes ces raisons, le Comité Laïcité République estime indispensable l’alternance au sommet de l’Etat afin que la République concrétise ses principes qui la définissent comme laïque, sociale, démocratique et indivisible.
François Hollande s’est engagé à avancer sur cette voie et à mettre un terme aux dérives des dernières années. Il s’est engagé à inscrire dans la Constitution les deux premiers articles de la loi de 1905. C’est là un pas important dans la bonne direction.
Au-delà de l’intégration du Titre premier de la loi de 1905 dans la Constitution (articles un et deux), d’autres mesures seront nécessaires pour rendre à la laïcité son dynamisme. Le Comité Laïcité République propose ainsi notamment :
- l’ouverture d’une large concertation nationale afin de préparer dans la durée, l’application de la loi de 1905 à tout le territoire national (métropole et outre-mer) sans pour autant remettre en cause les dispositions sociales particulières pouvant exister.
- l’abrogation de la législation actuelle sur le financement public aux établissements confessionnels d’enseignement,
- la mise en place effective d’un Observatoire National de la Laïcité (institué par le décret n°2007-425 du 25/03/2007),
- la transformation de la grande nef du Panthéon en lieu national de célébration laïque des cérémonies publiques (en cas de catastrophes ou de disparition de personnalités auxquelles la République souhaite rendre hommage),
- l’instauration effective de la fête de la laïcité le 9 décembre (fête de la Fraternité citoyenne),
- le développement de la formation à la laïcité des agents publics et en particulier des enseignants.
- Le soutien à la proposition de loi de Mme Françoise Laborde, sénatrice de la Haute-Garonne, visant à étendre l’obligation de neutralité aux structures privées en charge de la petite enfance et à assurer le principe de laïcité. Adoptée au Sénat le 17 janvier 2012, cette proposition devra également être soumise à l’examen de l’Assemblée nationale à venir.
L’élection de François Hollande à la Présidence de la République doit marquer le retour de la Laïcité, initier une nouvelle ère où le vivre-ensemble sera fondé sur la liberté, l’égalité des droits et des devoirs, la fraternité citoyenne et en finir avec les communautarismes qui enferment les individus dans leurs origines, dressent les uns contre les autres, fragilisent l’unité de la Nation et font le lit du racisme et du populisme.
La Laïcité est au service de la citoyenneté. Aussi le CLR soutient-il la proposition de retirer le mot "race" de la Constitution. Il se prononce également en faveur d’une vision généreuse de la citoyenneté, facilitant son acquisition et le droit de vote afférent pour ceux qui le souhaitent.
Au cœur d’une crise économique, financière, sociale, culturelle et potentiellement politique, le 6 mai prochain, second tour de l’élection présidentielle, doit signifier le retour de la volonté politique, des valeurs républicaines, de l’éthique des Lumières. Un retour qui devra s’inscrire dans le réel.
Aussi, le Comité Laïcité République appelle t-il les citoyens attachés à la défense de la laïcité, à soutenir la candidature de François Hollande au second tour de l’élection présidentielle.
Comité Laïcité République
24 avril 2012