7 novembre 2017
"À la suite des accusations de viols dont il est la cible, la prestigieuse université britannique a annoncé ce mardi avoir suspendu les activités de l’islamologue, qui assure cette année un cours de philosophie islamique et de théologie.
L’affaire Tariq Ramadan met l’université d’Oxford dans l’embarras. L’islamologue, visé par deux plaintes pour viols, y enseigne depuis octobre 2009. Malgré les graves accusations qui pèsent sur Tariq Ramadan, la prestigieuse université britannique était restée plutôt discrète sur le sujet. Ce mardi, elle a annoncé avoir mis Tariq Ramadan en congé de ses fonctions de professeur.
« D’un commun accord et avec effet immédiat, Tariq Ramadan, professeur d’études islamiques contemporaines a pris un congé de l’université d’Oxford », indique l’université dans un communiqué. « Un congé n’implique aucune présomption ou acceptation de culpabilité et permet au professeur Ramadan de répondre aux accusations extrêmement graves portées contre lui, qu’il nie catégoriquement, tout en répondant à notre principale préoccupation - répondre à la détresse accrue et compréhensible, et mettre en priorité le bien-être de nos étudiants et du personnel », souligne l’université.
L’université d’Oxford était pour l’instant restée en retrait de la polémique. Ses étudiants se sont même émus de n’avoir pas été prévenus par l’administration de l’affaire déclenchée en France et en Suisse. Pour calmer les esprits, l’université a organisé la semaine dernière une réunion confidentielle, comme le relate Libération. Le quotidien raconte que le directeur du Middle East Center de l’université, Eugene Rogan, s’est excusé de n’avoir pas rencontré les étudiants plus tôt pour discuter des accusations à l’encontre de l’un de leurs professeurs. Il a expliqué ce retard par le fait que les allégations avaient été soulevées dans un pays étranger doté d’un système légal différent.
Avant l’annonce de la mise en congé du professeur Ramadan, l’université britannique avait simplement réagi à l’affaire par un court communiqué de presse, indiquant que l’institution avait pris connaissance des accusations mais n’avait pas de commentaire à faire. Face à cette (absence de) réaction, Aïcha Ali-Khan, une militante des droits des femmes britannique avait lancé une pétition, dans laquelle elle réclamait que Tariq Ramadan soit suspendu de ses fonctions le temps de l’enquête.
« S’il vous plaît, signez ma pétition demandant à l’université d’Oxford de suspendre Tariq Ramadan jusqu’à ce que les allégations d’agressions sexuelles aient fait l’objet d’une enquête approfondie », réclame-t-elle dans un message posté sur le réseau social Twitter ce dimanche.
Sa pétition a déjà recueilli plus de 1200 signatures. « Je trouve incroyable qu’il puisse continuer à donner ses cours comme si de rien n’était, alors que de graves allégations pèsent contre lui. Certains de nos parlementaires ont dû démissionner pour moins que ça » a expliqué la militante au Huffington Post, alors que les scandales sexuels impliquant des députés britanniques se multiplient outre-Manche. L’université d’Oxford dit avoir « toujours reconnu la gravité des allégations contre le professeur Ramadan, tout en soulignant l’importance de l’impartialité et des principes de justice et de procédure régulière »."
Lire aussi Marianne : "Les complices du Tartuffe islamiste" Tariq Ramadan (3 nov. 17), Caricature de Tariq Ramadan : menaces sur Charlie Hebdo (20minutes.fr , 4 nov. 17), C. Fourest : "Tariq Ramadan et son double" (30 oct. 17), C. Fourest : "La vie sexuelle de Tariq R." (Marianne, 27 oct. 17), Il faut soutenir Henda Ayari dans sa quête de justice (K. Slougui), “Tariq Ramadan pas vraiment prof à Oxford…” (bakchich.info , 7 av. 08) (note du CLR).
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