17 janvier 2010
"« Rayhana, nous sommes là ! ». Près de 500 personnes ont scandé ces mots samedi devant la Maison des Métallos (Paris, XIe), en soutien à la comédienne Rayhana, alors que celle-ci se produisait sur scène. Certaines personnes arboraient un tee-shirt blanc sur lequel était inscrit en lettres rouges « Fumer sans se cacher peut tuer », en référence à l’intitulé de la pièce.
La comédienne, elle, n’est pas sortie du théâtre pour s’exprimer devant ses soutiens.
Aspergée d’essence mardi par deux hommes, puis traitée de putain et de mécréante, Rayhana s’est rendue à sa représentation ce samedi « escortée » par des policiers et depuis l’agression des dispositifs de surveillance ont été mis en place a précisé le directeur de la Maison des Métallos, Philippe Mourrat.
C’est le mouvement Ni putes ni soumises qui est à l’origine du rassemblement. « C’est un acte criminel. On s’est attaqué à une femme libre qui crée des pièces qui dérangent certains », a déclaré Sihem Habchi, présidente du mouvement. « Rayhana a décidé de jouer la pièce, la première qu’elle ait écrite en français, jusqu’à son terme, malgré son agression. Son rôle, c’est d’être dans le théâtre et nous d’être dans la rue, d’occuper l’espace public », a martelé Sihem Habchi, qui a décrit l’artiste comme « épuisée ». L’imam de Drancy (Seine-Saint-Denis) Hassen Chalghoumi a également pris part au rassemblement.
Sous la pluie, des militants associatifs, des élus et des représentants du Parti socialiste, du Parti de gauche ou des Verts se sont massés devant l’entrée de la maison des métallos, certains brandissant des affichettes blanches et rouges réclamant « laïcité, égalité, mixité ».
L’adjointe au maire de Paris chargée de l’égalité hommes/femmes Fatima Lalem a souhaité « plus de moyens pour faire un travail de prévention du sexisme dans les quartiers ». « Il y a trop de femmes aspergées d’essence, trop de femmes agressées parce qu’elles disent non », a-t-elle dénoncé.
Manuel Valls, député-maire PS d’Evry a déclaré qu’il proposerait à Rayhana « que la scène nationale d’Evry accueille sa pièce ». « Je voudrais que le maximum de théâtres en banlieue accueillent sa pièce », a-t-il ajouté. Pour lui ce serait la « meilleure réponse » à l’agression.
Dans cette pièce, qui se déroule dans un hammam, neuf femmes conversent librement sur leur quotidien et leurs difficultés au sein de la société algérienne. Les représentations d’ « A mon âge, je me cache encore pour fumer », qui affichent complet, s’achèvent samedi soir.
La comédienne avait fait l’objet de premières menaces verbales le 5 janvier. « Deux hommes m’ont traitée dans la rue de putain et de mécréante », déclarait-elle jeudi, précisant avoir déposé une première plainte après ces intimidations. Une enquête a été ouverte."
Lire “Près de 500 personnes rassemblées en soutien a Rayhana”.
Comité Laïcité République
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