Revue de presse

"Première condamnation pour racisme « anti-Blanc »" (Le Monde, 23 jan. 14)

22 janvier 2014

"De façon inédite, la cour d’appel de Paris a finalement retenu, mardi 21 janvier, la circonstance aggravante de « racisme » dans le cadre d’une affaire où des insultes telles que « sale Blanc » ou « sale Français » avaient été prononcées. Cette analyse du dossier, dans lequel pour la première fois une association antiraciste – la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) – était partie civile, a amené la cour à condamner l’un des deux auteurs de cette agression qui avait eu lieu sur un quai du RER, en 2010, à quatre ans d’emprisonnement, dont trois ferme.

La décision de la cour d’appel de Paris, saisie sur réquisitions du parquet, est venue alourdir d’une année la peine prononcée en première instance. Le tribunal correctionnel avait, lui, rejeté, en juin 2013, la circonstance aggravante de racisme, considérant qu’il n’était pas clairement établi qu’Arnaud Djender, 30 ans, avait prononcé des insultes racistes lors du déchaînement de violence qui l’avait amené, avec un ami, à défigurer d’une balafre de 15 cm le visage de la victime, un jeune vendeur dans le prêt-à-porter âgé d’une vingtaine d’années. [...]

Le deuxième argument développé par la défense concerne la couleur de peau des protagonistes. Pour Me Etrillard, il ne pourrait y avoir de racisme à partir du moment où son client est « blanc ». M. Djender a effectivement la peau claire et, en première instance, il s’était décrit comme « blanc ». Lors de son audition devant le juge d’instruction, il s’était à l’inverse décrit comme de « type arabe », son nom de famille, hérité de son père, étant d’origine kabyle.

Pour l’avocat de la Licra, la décision de la cour d’appel ne souffre toutefois d’aucune « ambiguïté, ni juridiquement ni dans les faits ». Selon Me Mario Stasi, le tribunal correctionnel avait négligé, en première instance, le témoignage d’un agent de la RATP, attestant des propos racistes de M. Djender : « Nous ne comprenions pas pourquoi il fallait être aussi timoré parce que la victime était blanche, précise-t-il. La cour a rétabli ce dossier à sa juste mesure. »

Aux yeux de l’avocat de la Licra, le débat sur la couleur de peau des protagonistes n’a pas non plus lieu d’être. Alors que Me Etrillard, l’avocat de M. Djender, défend l’idée que le « racisme, ce n’est pas seulement qualifier quelqu’un », Me Stasi estime, lui, que « peu importe la couleur de peau de l’auteur, ce qui compte c’est ce qui est dit ».

Les associations antiracistes restent très divisées sur l’attitude à adopter vis-à-vis du racisme dit « anti-Blanc ». Dans un communiqué diffusé mardi soir, la Licra s’est toutefois félicitée de la décision de la cour d’appel de Paris, jugeant que « la loi contre le racisme ne fait pas de différence selon la nationalité, la religion ou la couleur de la peau de la victime »."

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