27 avril 2013
"Le procureur a requis quatre ans de prison contre l’agresseur qui a violemment assailli sa victime aux cris de « sale Français ».
C’est un Blanc qui agresse un autre Blanc, français comme lui, aux cris de « sale Français », « Gawerer » (« sale Blanc » en arabe)… « C’est rare, mais c’est du racisme ordinaire, souligne Me Mario-Pierre Stasi, président de la commission juridique de la Licra. Que le prévenu soit blanc, noir, jaune ou violet, les propos sont racistes. » L’audience, qui devait initialement avoir lieu en octobre dernier, avait été renvoyée en raison du contexte tendu, au beau milieu de la polémique sur les « pains au chocolat » de Jean-François Copé.
Les caméras de vidéosurveillance de la RATP ont tout filmé. Le 12 septembre 2010, peu avant 6 heures du matin, Terence Cheval, un jeune homme d’une vingtaine d’années, est apostrophé à la station Strasbourg-Saint-Denis. Une histoire de cigarettes, semble-t-il. L’individu violent est accompagné d’un homme vêtu de rouge. On retrouve Terence, la victime, sur les quais de la station Gare du Nord. Là, il réussit à mettre au sol son premier agresseur, quand arrive, par-derrière, l’homme en rouge. Celui-ci lui porte des coups avec un objet contondant - un tesson de bouteille, saura-t-on plus tard. Le jeune Terence, dont la joue gauche est aujourd’hui barrée par une cicatrice de 15 cm, subira une interruption temporaire de travail de 39 jours.
Seul l’un des agresseurs a été arrêté : Arnaud Djender, 28 ans, cuisinier, né à Montreuil. Il a déjà été condamné à sept reprises, notamment pour des faits de violences avec arme. « Oui, je suis français, confirme benoîtement ce petit homme au crâne rasé, qui flotte dans une veste gris brillant et un jean baggy. Mon père s’appelle Alain, ma mère Muriel et ma petite sœur Amélie… » Pourtant, rappelle le procureur, « quand on vous a demandé de décrire votre propre photo, puisqu’on vous connaît au commissariat, vous avez dit : “Il est de type arabe…” » Le prévenu lui jette un regard noir et balbutie : « Ben oui, comme j’niais, j’vais pas dire c’est un Français… »
Même si Arnaud Djender nie avoir tenu des propos racistes, le caractère raciste de l’agression a été retenu comme une circonstance aggravante, puisque plusieurs témoins ont entendu les insultes. [...]
Le procureur, qui souligne que le prévenu a été « à deux doigts de passer aux assises pour tentative d’homicide », suggère quatre ans d’emprisonnement, dont un avec sursis, avec mandat de dépôt. La Licra, pour sa part, réclame 500 euros, pour aider l’association.
La Licra, partie civile pour la première fois
C’est la première fois que la Licra se porte partie civile dans une affaire de racisme anti-Blancs. « La victime ne voulait pas se faire instrumentaliser, raconte-t-on à la Ligue. C’est le procureur qui a réalisé qu’il y avait cette circonstance aggravante. Voyant venir le procès symbolique, l’avocat de la victime, Me Pierre de Combles de Nayves, nous a donc contactés. » Pas d’autres demandes semblables depuis la parution, cet automne, du « Manifeste pour une droite décomplexée » de Jean-François Copé, dans lequel il évoque l’existence d’un « racisme anti-Blancs » dans certains quartiers. « On a régulièrement des gens qui se déclarent victimes, indique la Licra, mais dès qu’on leur demande des précisions, il n’y a plus personne… »
Pour Alain Jakubowicz, son président, « C’était une erreur de ne pas parler de ce phénomène, de le laisser exploiter de manière honteuse par le FN. Sans pour autant les mettre au même niveau que les discriminations dont font l’objet les immigrés, il faut dire les choses. On a culpabilisé à outrance trop de nos concitoyens. »"
Comité Laïcité République
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