3 avril 2016
"[...] Dans cette interview [au Monde], Elisabeth Badinter s’inquiète également d’une mise en cause progressive de l’universalité des droits de l’Homme, encouragée par une gauche dite "tolérante" vis-à-vis des communautarismes religieux :
"Nous avions pensé qu’il y avait des valeurs universelles, que les libertés individuelles et l’égalité des sexes s’appliquaient à tous les êtres humains. Or aujourd’hui une partie de la gauche est imprégnée de l’idée que toutes les cultures et traditions se valent et que nous n’avons rien à leur imposer. L’universalité des droits de l’homme est certes contestée, mais ce n’est certainement pas sa fin."
Pour elle, un "tournant" a eu lieu en 1989 avec l’affaire du foulard de Créteil, mais un autre "basculement" majeur s’est opéré en 1991, lors de la guerre civile algérienne, "lors de laquelle le Front islamique du salut s’affronte au gouvernement algérien, qui contient les prémices de la dérive actuelle". Elle explique :
"Les féministes venues d’Algérie ou d’Iran n’ont pourtant pas cessé de nous avertir : "Vous ne voyez pas que ce qui se passe chez nous va arriver chez vous ?" En l’espace de dix ans, de nombreuses filles des quartiers se sont mises à porter le voile en France. Révélation divine ? Non, montée de la pression islamique. Seule la loi peut protéger celles qui le portent sous cette pression.
Or, lorsqu’on les soutient, on est considéré comme " islamophobe "."
La peur d’être taxé d’islamophobe... Cette phrase d’Elisabeth Badinter avait déjà entraîné une vive polémique en janvier dernier. La philosophe y répond une nouvelle fois dans Le Monde :
"Je considère que la plupart des Français partagent ce point de vue mais qu’ils sont tétanisés par l’accusation d’islamophobie. Etre traité d’islamophobe est un opprobre, une arme que les islamo-gauchistes ont offerte aux extrémistes.
Taxer d’islamophobie ceux qui ont le courage de dire : "Nous voulons que les lois de la République s’appliquent à tous et d’abord à toutes " est une infamie.
Pour ma part, je persiste et je signe. Les islamo-gauchistes sont certes une minorité, mais influente et largement relayée par des grands médias et journalistes de gauche qui, par là même, se coupent du pays réel.""
Lire Elisabeth Badinter : "Une partie de la gauche a baissé la garde" (Le Monde, 3-4 av. 16), L. Bouvet : "Ce que révèle l’affaire Laurence Rossignol" (lefigaro.fr/vox , 31 mars 16), ""Mode islamique" : soutien à Laurence Rossignol" (Printemps républicain, 30 mars 16), Pierre Bergé : "Les créateurs de mode n’ont rien à faire sur le terrain de la mode islamique" (marianne.net , 31 mars 16), "Le coup de gueule de Laurence Rossignol contre la "mode islamique"" (marianne.net , RMC, 30 mars 16), "Les marques se mettent à la mode islamique" (leparisien.fr , 29 mars 16), "Marché de « la mode musulmane » : extension du domaine de l’islam politique" (I. Kersimon, lefigaro.fr/vox , 25 mars 16), "Ces firmes qui cachent les femmes que l’Arabie saoudite ne saurait voir" (marianne.net , 8 fév. 16), "Quand le voile s’immisce dans le monde de la mode" (bigbrowser.blog.lemonde.fr , 1er oct. 15), "En finir avec le procès en islamophobie" (P. Kessel, Libération, 16 fév. 16), Jean-Louis Bianco (président Observatoire de la laïcité) : "La France n’a pas de problème avec sa laïcité" (Le Monde, 26 juin 13), Elisabeth Badinter : "Il ne faut pas avoir peur de se faire traiter d’islamophobe" (France Inter, 6 jan. 16), Un petit monsieur qui s’attaque à une grande dame (J. Glavany, P. Kessel, F. Laborde, 11 jan. 16), "Observatoire laïcité : Valls tacle les responsables" (AFP, lefigaro.fr , 18 jan. 16), Renouer avec le sens de la laïcité (P. Kessel, 24 jan. 16), Le Collectif laïque soutient Élisabeth Badinter face aux "attaques injustifiées" (26 jan. 16), Charb, reviens, ils sont devenus fous ! (P. Kessel, 4 mai 15) (note du CLR).
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