Revue de presse

« Alain Policar doit quitter le Conseil des sages de la laïcité » (Vigilance collèges lycées, lepoint.fr , 17 av. 24)

17 avril 2024

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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Lire "École : « Alain Policar doit quitter le Conseil des sages de la laïcité »".

« Madame la ministre. Nous, enseignants et chefs d’établissement de l’Éducation nationale, engagés pour préserver l’école de la République, vous sollicitons car nous avons besoin de votre soutien, en ces temps terribles, dans notre combat pour la défense de notre école menacée. Pour cela, nous vous demandons de rendre au Conseil des sages de la laïcité et des valeurs de la République [organisme créé en 2018, NDLR] ses moyens d’action afin de lui redonner d’une part la liberté de s’autosaisir, et de conférer d’autre part une cohérence à son discours.

En effet, nous avons été profondément heurtés par les propos tenus par l’un de ses membres, Alain Policar, dont la nomination par l’un de vos prédécesseurs, Pap Ndiaye, avait conduit à la démission de Jean-Éric Schoettl. Les positions de M. Policar, relayées par Radio France international, le 4 avril dernier [1], sont en contradiction absolue avec celles promues par le Conseil des sages de la laïcité, dont la mission est de « préciser la position de l’institution scolaire en matière de laïcité et d’enseignement laïque des faits religieux ».

La prise de position de ce sociologue, contestant le bien-fondé de la loi de 2004, recourt à des arguments utilisés par l’entrisme islamiste, dont le procédé fallacieux se fonde sur le déni de réalité et l’inversion des valeurs. Par ce procédé, M. Policar en arrive à considérer la loi de 2004 comme discriminatoire et le port du voile comme un acte non pas prosélyte mais au contraire émancipateur. L’auteur laissant entendre que, trop difficile à appliquer, inefficace et même illégitime, il faudrait donc l’abolir.

Pour étayer cet argument, M. Policar évoque « des enquêtes sociologiques », ipse dixit. Nous pouvons lui en opposer une bien réelle : celle exposée par Éric Maurin dans son livre Trois leçons sur l’école républicaine, où il prouve que l’interdiction du port de signes religieux ostentatoires par la circulaire Bayrou en 1994 a coïncidé avec une amélioration de la réussite scolaire des jeunes filles issues de familles musulmanes, un meilleur taux de diplomation et une augmentation des mariages mixtes.

Cri de détresse
À rebours des faits avancés par Alain Policar, nous pouvons aussi revenir sur le rapport de la commission Stasi qui, en 2004, avait adopté, à l’unanimité moins une abstention, la proposition d’interdire les signes religieux à l’école, afin de « répondre au cri de détresse des jeunes filles » soumises à l’injonction patriarcale et orthodoxe du voilement.

Ces propos pourraient participer au débat d’idées s’ils étaient le fait d’une parole personnelle. Mais émanant d’un membre d’une instance ministérielle destinée à défendre la laïcité de l’école publique, ils en deviennent proprement scandaleux. Cette relativisation de la loi de 2004 de la part d’un membre du Conseil des sages nous semble particulièrement dangereuse à un moment où l’école est aussi violemment attaquée.

Dans l’entretien que nous mettons en cause, M. Policar n’hésite pas à inverser la cause et la conséquence en faisant de la loi de 2004 la source des tensions alors qu’elle fut justement votée pour les apaiser. Faut-il en conclure que le refus de la loi par une minorité de citoyens puisse en justifier l’abolition ? N’étant pas à une contradiction près, M. Policar constate lui-même que le nombre d’atteintes est « extrêmement faible par rapport au nombre d’élèves ».

Le caractère minoritaire de ces agissements n’enlève rien à leur extrême nocivité. M. Policar pense que « ça pourrait être bien pire s’il y avait véritablement une volonté coordonnée de l’islam politique d’investir l’école pour déstabiliser le système ». Nous invitons M. Policar à s’informer : fin août 2022, une note des services de renseignement territoriaux alertait sur la multiplication d’appels à porter qamis et abayas massivement relayés sur les réseaux sociaux.

Bien évidemment, la rentrée scolaire fut marquée par une explosion du port de signes et vêtements religieux à l’école. Un mois plus tard, le Comité interministériel de prévention contre la délinquance et la radicalisation (CIPDR) alertait à son tour sur la stratégie coordonnée de comptes influents appelant à contester ouvertement la loi de 2004. [...]

Ces prises de position mettent à mal tous les efforts que nous, enseignants et chefs d’établissement laïques, fournissons, car le Conseil des sages ne peut cautionner le contre-discours de M. Policar sans perdre en cohérence et nous faire perdre ainsi un appui précieux. [...] »



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