Comité Laïcité République - La laïcité n’est pas une opinion, c’est la liberté d’en avoir une

En janvier 2018, le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer installait le Conseil des sages de la laïcité. Cette instance devait l’assister dans le choix des méthodes et outils utilisés pour garantir le respect du principe de laïcité et des valeurs de la République dans le domaine de l’éducation. Depuis de nombreuses années, l’école était le théâtre de contestations des principes républicains, de la laïcité. Le désarroi d’une partie du corps enseignant confronté à des situations auxquelles il avait rarement été préparé devait recevoir une réponse. La création du Conseil des Sages devait participer à la réponse, au plus près du terrain, chaque académie étant dotée d’une équipe de formateurs dédiée à la laïcité et aux valeurs de la République.

Depuis sa mise en place, ce Conseil des Sages a publié de nombreux guides, des rapports et a conçu un vaste plan de formation des personnels toujours en cours, auquel plusieurs professeurs ont pu participer avec profit.

Puis vint la nomination d’un nouveau ministre, Monsieur Pap Ndiaye. Cette dernière avait surpris bon nombre de militants républicains. Refusant d’instruire un procès d’intention, le CLR s’est abstenu de tout commentaire, attendant de connaître les orientations du nouveau ministre. Ayant sollicité une audience, nous avons été renvoyés vers un conseiller qui n’a apporté aucune réponse à nos questions, nous demandant de patienter.

Le sort qui serait réservé au Conseil des Sages serait ainsi un indicateur des intentions d’un ministre dont nous avions décidé d’occulter les déclarations passées sur le racisme systémique ou sur les réunions en non mixité.

En onze mois d’exercice, l’actuel ministre Pap Ndiaye n’a, à notre connaissance, jamais mentionné publiquement l’existence du Conseil des sages de la laïcité et n’a pas donné l’impression d’en faire grand cas.

Or voilà qu’il vient de décider d’y faire entrer cinq nouveaux membres. Parmi eux, le sociologue et politiste Alain Policar, qui ne cache pas ses sympathies wokistes et dit lui-même qu’il "résiste à renoncer" au concept de "racisme systémique" au sujet des institutions de la République.

Le ministre dira qu’il a souhaité introduire de la diversité au sein de cette jeune institution créée par son prédécesseur et présidée par Dominique Schnapper. Or non seulement la composition initiale du Conseil des sages témoignait déjà d’une diversité d’approches et de points de vue, mais on peut surtout craindre qu’avec certaines de ces nouvelles nominations, ce soit plutôt les germes de la zizanie, à terme de la paralysie, que le ministre aura introduits.

Gilbert Abergel