Revue de presse

A. Shalmani : "L’insoutenable légèreté du traitement de la question trans" (L’Express, 15 déc. 22)

Abnousse Shalmani, journaliste et écrivaine. 16 décembre 2022

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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Lire "L’insoutenable légèreté du traitement de la question trans, par Abnousse Shalmani".

"C’est une promesse de campagne de la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon : la facilitation de l’acquisition d’un certificat établissant le genre qui "n’est pas celui qui a été assigné à la naissance". Le "Gender Recognition Reform (Scotland) Bill", en débat au Parlement écossais, permet donc de réclamer un nouveau certificat de naissance et d’obtenir la reconnaissance du changement de "genre" sur les papiers d’identité, le tout sans passer par la case médicale qui diagnostique - ou pas - une dysphorie de genre. Une simple déclaration suffit pour "commencer à vivre dans sa nouvelle identité de genre".

Le souci avec de telles promesses de campagnes sociétales, c’est qu’elles sont aussi faciles à tenir que légères sur les conséquences à venir.

C’est presque fascinant : alors que la transsexualité pose de plus en plus de questions, que des signaux d’alarme résonnent enfin dans l’espace du débat, jamais il n’y a eu tant d’empressement à valider les changements de genre par déclaration ! Comme si face aux crises climatiques, énergétiques et démocratiques, face à la guerre et aux autocraties en puissance d’empire, les questions sociétales pouvaient servir de paravent aux politiques pour faire la preuve de leur capacité à faire avancer les choses.

Comprenons-nous bien : la transsexualité est une réalité que l’on doit reconnaître et il faut combattre les discriminations dont ils peuvent être victimes au titre d’une minorité.

Mais quid des conséquences kafkaïennes ? Au Canada, les criminels qui purgent une peine fédérale peuvent être incarcérés dans la prison qui correspond à l’identité de genre de leurs choix, que le délinquant ait entamé ou non une intervention de changement de sexe ou un traitement d’hormonothérapie, la sincérité du criminel ne faisant l’objet d’aucune enquête. Résultat ? Une dizaine de détenus "au passé souvent très violent" ont été transférés dans des prisons pour femmes où "certains y ont semé la terreur", comme nous l’apprend une enquête fouillée du média québécois La Presse. Par contre, lorsque est proposée la solution (logique) de créer des ailes spécifiques dans les prisons pour les personnes trans, ces derniers crient à la discrimination. Mais n’est-ce pas déjà de la discrimination de séparer les hommes et les femmes pour des raisons banales de sécurité ?

Laisser les enfants tranquilles

La question des mineurs se pensant transsexuelles en pleine crise d’adolescence relève du scandale sanitaire. Le cas tragique de Keira Bell, une femme de 23 ans qui avait commencé à prendre des inhibiteurs de puberté à l’âge de 16 ans, avant de revenir en arrière dans ce processus, est emblématique. Elle a porté plainte contre la clinique qui gère le seul service de changement d’identité de genre pour les mineurs au Royaume-Uni, et la justice lui a donné raison. En lisant la décision de la Haute Cour britannique, nous nous rendons soudain compte de la légèreté, pour ne pas dire l’absurdité, qui entraîne des enfants, aidés par des adultes inconscients et idéologisés, vers un chemin définitif, à un âge où les bouleversements hormonaux, les crises sexuelles et identitaires sont tout ce qu’il y a de plus naturel : "Il est hautement improbable qu’un enfant âgé de 13 ans ou moins soit compétent pour consentir à l’administration d’inhibiteurs de puberté ou qu’un enfant âgé de 14 ou 15 ans puisse comprendre et peser les risques et les conséquences à long terme d’un tel traitement."

Le bon sens l’a emporté, comme en Suède (enfin), pays précurseur qui, dès 1972, a reconnu la "dysphorie de genre". Mais la Suède est débordée par le nombre de diagnostics de ce type : entre 2008 et 2018, chez les jeunes filles de 13 à 17 ans, la hausse a atteint 1 500 % ! La Direction nationale de la santé et des affaires sociales a fini par estimer que "les risques d’un traitement hormonal inhibant la puberté et affirmant le genre pour les moins de 18 ans l’emportent actuellement sur les avantages possibles". Sans rire ?

Comment peut-on imaginer, à un âge où les rapports sexuels sont inexistants, à un âge où le doute est moteur, les questions pléthoriques, et où se dessine progressivement la personnalité à partir du tempérament, qu’on peut définitivement choisir son sexe ?

Et s’il fallait foutre la paix aux ados ? Les laisser prendre leur temps, se rêver un matin cosmonaute, le soir pompier, le lendemain star du rock ? Et si les adultes en manque de combats cessaient de harceler des enfants pour affirmer leurs dangereux militantismes ?"



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