DÉFENDRE, ÉTENDRE, AFFIRMER LES LIBERTÉS LAÏQUES 8 mars 2019
Le 13 janvier 2019, le président de la République a annoncé la tenue d’un « Grand débat national », inauguré par sa « Lettre aux Français ».
Le Comité Laïcité République (CLR) aurait des remarques de fond à faire valoir sur la formulation-même des questions posées dans cette Lettre [1]. Pour autant, dans un esprit constructif et ouvert par principe au débat, le CLR apporte cette contribution qui vise à renforcer l’application de la laïcité en France et par là même, la dimension républicaine et universaliste de la citoyenneté.
La Laïcité est un élément indispensable à la solidité de l’édifice républicain. Elle permet à des femmes et à des hommes aux origines et aux convictions diverses de « faire Nation » et de tendre vers une République fondée sur les principes de Liberté de conscience, d’Égalité des droits et de Fraternité universelle. Ces principes sont plus nécessaires que jamais. C’est pourquoi le Comité Laïcité République estime indispensable de lever les confusions, de conforter la Loi de séparation des Églises et de l’État du 9 décembre 1905 et de promouvoir la laïcité, clé de voûte de notre démocratie républicaine.
Afin de mettre un terme aux contournements de la Loi de séparation, notamment en matière de subvention des cultes, le CLR revendique qu’en soit clairement affirmée la dimension constitutionnelle. Il s’agit d’en finir avec des interprétations de plus en plus libérales, en particulier par le Conseil d’État, qui contribuent à vider la loi de son contenu. Aussi, le CLR demande que soient inscrits dans le préambule de la Constitution les principes qui figurent dans les deux premiers articles de la loi de 1905 [2] :
« Art 1 - La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes.
Art 2 - La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. »
Le CLR s’est engagé depuis plusieurs mois auprès des autorités pour défendre la Loi de séparation et s’assurer, avec la quasi-totalité des associations et instances laïques du pays, qu’elle ne sera pas modifiée ou dénaturée. Nous pensons en effet que faire respecter les principes de la loi, son application stricte, en particulier les articles concernant la police et le financement des cultes, constitue la meilleure réponse aux provocations et agissements de l’islamisme politique.
Quelles que soient les intentions affichées, la révision de la loi de 1905 ne constitue pas la réponse adéquate. De surcroît, dans le climat de confusion actuel, une telle initiative pourrait menacer la paix civile. Le Comité Laïcité République s’est exprimé sur ce point en promouvant « l’Appel des 113 » à ne pas modifier la loi de 1905 [3].
Afin d’assurer aux citoyens français, quelles que soient leurs origines, leurs convictions et leurs appartenances, l’égalité des droits sur tout le territoire de la République et de protéger leurs libertés, le CLR propose d’aller vers l’abrogation progressive et concertée du concordat et des statuts dérogatoires à la séparation des Églises et de l’État sur le territoire métropolitain et les territoires ultra-marins.
L’école de la République est conçue comme le lieu « sacré » où l’on enseigne à s’émanciper par la pensée critique, à penser par soi-même, à maitriser les outils du savoir, à devenir un citoyen, à partager les mêmes droits et les mêmes devoirs avec les autres. Elle doit être séparée des Églises, des partis, des modes, des intérêts consuméristes pour protéger les élèves tout en ouvrant leur esprit aux évolutions scientifiques et techniques et à la maîtrise des outils de communication. Elle intègre tous les enfants à la République universelle.
Dans un contexte marqué par l’aggravation de la fracture sociale et culturelle du pays, l’école redevient l’enjeu central pour l’avenir du pays. C’est pourquoi le CLR affirme que la priorité des priorités consiste à reinstituer l’école de la République [4].
À cette fin, le CLR propose de
Le CLR constate que c’est sur le territoire de la République et au plus près des citoyens que la laïcité est souvent mise à mal, par méconnaissance des principes et du droit, du fait de la difficulté des élus et des agents publics à résister aux pressions communautaristes et en l’absence de ressources et de soutiens clairs.
Pour corriger cette situation le CLR préconise de
Afin d’aider les pouvoirs locaux, en particulier dans les "zones sensibles", à résister aux pressions communautaristes et à celles des lobbies :
La Laïcité permet à des individus différents de vivre en citoyens libres et égaux, fraternellement au-delà des particularismes. Elle leur garantit la liberté de conscience, matrice de toutes les libertés. Si la loi de 1905 s’applique à la séparation des Églises et de l’État, le préambule de la Constitution affirme explicitement que "la France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale". C’est toute la République qui est concernée et non seulement le service public.
Afin de protéger les citoyens des revendications de plus en plus nombreuses des communautarismes sur leur vie quotidienne et de garantir la paix civile, le CLR propose de
[1] Lire Loi de 1905, Lettre aux Français, Grand débat : le CLR vigilant ! (J.-P. Sakoun, 17 fév. 19), "La laïcité dans le « grand débat national »" (Collectif laïque national, 17 jan. 19), "Lettre de Macron aux Français : l’épistolaire chargé à blanc" (G. Konopnicki, Marianne, 18 jan. 19), J.-P. Hubsch (Grand Orient) : « Laïcité, encore un petit effort monsieur le président ! » (leparisien.fr , 27 jan. 19) (note du CLR).
[2] Voir Loi du 9 décembre 1905, sur la séparation des Eglises et de l’Etat (note du CLR).
[3] Lire Appel des 113 : nous nous opposons aux modifications de la loi de 1905 (Collectif laïque national, 1er jan. 19) (note du CLR).
[4] Lire Réinstituons maintenant l’École de la République (C. Coutel) (note du CLR).
Lire aussi Pourquoi le manifeste "Quatorze mesures pour une laïcité libératrice" ? (J.-P. Sakoun, 8 mars 19)
Loi de 1905, Lettre aux Français, Grand débat : le CLR vigilant ! (J.-P. Sakoun, 17 fév. 19), Appel des 113 : nous nous opposons aux modifications de la loi de 1905 (Collectif laïque national, 1er jan. 19), "La laïcité dans le « grand débat national »" (Collectif laïque national, 17 jan. 19), Non à la dénaturation de la Loi de 1905 (Collectif laïque national, 6 déc. 18), Loi du 9 décembre 1905, sur la séparation des Eglises et de l’Etat, Ne touchez pas à la loi laïque de 1905, loi de liberté séparant les Eglises de l’Etat ! (G. Chevrier), Appel aux partis politiques : Défendre et promouvoir la Loi de 1905 et les bienfaits de la Laïcité (CLR, 1er déc. 18), P. Kessel : Pourquoi il ne faut pas modifier la loi de 1905 (Colloque du 1er déc. 18), dans la Revue de presse J.-P. Sakoun : "Les préoccupations, légitimes, sur les relations avec l’islam n’ont pas à être traitées à travers la Loi de 1905" ("28 Minutes samedi", Arte, 5 jan. 19), J.-P. Sakoun : Qui va croire qu’on fait trembler Daech en révisant la Loi de 1905 ? ("On va plus loin", Public Sénat, 28 nov. 18) , J.-P. Sakoun : "On a tous les moyens d’intervenir sans modifier la Loi de 1905" ("28 Minutes", Arte, 19 nov. 18) , la rubrique Macron et la Loi de 1905 (note du CLR).
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