Xavier-Laurent Salvador, agrégé de lettres modernes et cofondateur de l’Observatoire du décolonialisme. 12 avril 2024
[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
Lire "Xavier-Laurent Salvador : « L’université est une institution séparatiste »".
"[Dans les campus universitaires,] les étudiants mènent le bal face à une administration qui a depuis longtemps abdiqué. C’est que les étudiants votent, sur les campus. Ils votent pour les conseils d’administration ; pour les conseils académiques, pour les présidents. Ça fait beaucoup, non ?
La différence est donc simple à comprendre : l’Éducation nationale est un service public d’État qui est contraint à la résistance laïque par sa mission. L’université depuis bien longtemps est une institution qu’on a déclarée « autonome », mais qui est en réalité séparatiste. Et cela fait bien longtemps maintenant que les universités ont fait le choix de capituler devant tous les communautarismes, pour des raisons électorales.
La laïcité y est un vain mot et on n’y fait référence que pour la contourner : on connaît des campus où un professeur de mathématique enseigne en portant le signe extérieur de sa soumission à un idéal religieux, où des personnels de ménage travaillent avec le même uniforme, où les infirmières contractuelles travaillent en dissimulant leur chevelure, où l’on vote des dérogations de vacances pour les étudiants en fonction de leur religion et où les personnels eux-mêmes demandent en conseil d’administration à bénéficier en conséquence du même régime dérogatoire.
La laïcité n’est évoquée qu’à une seule occasion : pour l’établissement du calendrier des vacances où parfois des étourdis laissent maladroitement apparaître d’odieuses mentions proscrites comme « vacances de Noël » ou « lundi de Pentecôte ». Que n’entend-on pas à ces occasions ? Et tous les Tartuffe de se draper dans le bleu-blanc-rouge pour protester de leur indignation.
[...] La pseudo-autonomie des campus n’a abouti qu’à renforcer les rapports inversés entre l’administration des établissements et leurs usagers.
Une grande partie des frais d’inscription des étudiants sert notamment à financer les « associations étudiantes »
D’un côté, des étudiants en classes préparatoires qui veulent réussir, et pour qui la question du respect du code vestimentaire n’est pas un problème. De l’autre, une jeunesse que plus personne n’encadre aux mains de gens sans scrupule qui jouent le jeu de déroger aux règles communes pour « faciliter la vie sur les campus ». Qui sont ces personnes ? Des étudiants, qui exécutent souvent une partition politique d’un côté. De l’autre, des enseignants en quête d’influence. Entre les deux, une administration qui ne vit que pour des échéances électorales.
L’enjeu ? Une masse financière énorme représentée par des fonds propres qui, contrairement aux mairies et aux autres institutions, sont dépensés sans rendre de compte à personne, pas même à la Cour des comptes qui ne cesse de tirer chaque année l’alarme.
À titre d’exemple, la taxe sur les frais d’inscription consacrée à la vie étudiante, la CVEC, représente en France 100 euros par étudiant. Il y a 1 597 700 étudiants en France chaque année qui paient chacun cette taxe : voilà 159 770 000 euros dépensés par des « élus universitaires » en dehors de tout contrôle. Vous avez bien lu : 160 millions d’euros chaque année. Une grande partie de cet argent sert notamment à financer les « associations étudiantes », c’est-à-dire des associations dont personne ne sait rien, sans statut réel et dont le siège est… l’université elle-même. [...]"
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