18 novembre 2016
"[...] Qu’est-ce que l’élection strasbourgeoise a d’unique ? Sur la forme, le profil de Michel Deneken est un sujet malgré-lui. Ce prêtre catholique de 59 ans a d’abord enseigné à la face de langues, avant d’opter pour la théologie catholique et protestante, à savoir des études pluridisciplinaires sur le divin, la « Tradition vivante ». Cette faculté est unique en France car issue d’un accord entre le Saint-Siège et l’empire allemand sous Guillaume II, toujours conservé par l’État français par la suite.
Michel Deneken ne prononce plus de messe, mais ce statut pose néanmoins question pour une partie des membres de l’université. Plusieurs communiqués, plus ou moins offensifs, ont abordé la question. Dans la revue Recherches de Science Religieuse, Michel Deneken détaille à la fin de l’année 2008 sa vision de la place de la théologie dans l’Unistra, fusionnée de trois universités en une.
Il écrit notamment que le théologien a désormais vocation à dialoguer avec toutes les sciences « à condition qu’il se fasse expert intelligible et non apologète aveugle. » Une position que ne partagent pas tous les enseignants-chercheurs : « la remise en cause des hypothèses fait partie de la science, ce qui n’est pas le cas en théologie qui cherche à se justifier comme une science », explique l’un d’eux.
Le président de la section strasbourgeoise du syndicat étudiant l’Unef Colin Jude s’interroge :
« Comment va-t-il s’exprimer au nom de l’université sur la science ou décider du fléchage des crédits tout en ayant une allégeance personnelle avec le Vatican ? »
Habitué à ces critiques, Michel Deneken veut être jugé sur sa politique :
« Si je traverse le Rhin, je suis dans la normalité. Je suis soutenu par des prix Nobel ou des médecins. Si ces personnes pensaient qu’il y avait un risque pour la science, ils ne le feraient pas. Notre université obéit à un cadre légal et on ne va pas imposer la prière… »
Pour lui, ce sont ceux qui l’attaquent sur ce point qui sont « en position d’exclusion ». Il met en avant les possibilités d’études hébraïques ou une nouvelle licence d’histoire sur les mondes musulmans que permet l’Unistra. Pour le nouveau président de l’association étudiante l’AFGES, Bastien Barberio, ce statut n’est au contraire pas un sujet de campagne :
« Si c’est la seule chose à lui reprocher, c’est plutôt une bonne chose pour lui. Cela n’empêche pas de gérer une université. C’est ce qu’il propose pour la vie étudiante qui sera important. »
Nul doute en tout cas que s’il venait à être élu, Michel Deneken sera très scruté sur ce point visiblement sensible. Quant à la liste Alternatives 2017 elle n’en fait pas un argument dans ses documents de campagne, bien que sa description pointe subtilement une tradition « humaniste, laïque et scientifique » ainsi que « pluridisciplinaire et transdisciplinaire ».
Questionnée lors d’un point presse, Héléne Michel dit être « interpellée sur ce point », sans vraiment trancher de position :
« La question n’est pas anodine dans un contexte où la laïcité est un sujet. Quelle sera la réputation nationale et internationale de l’Université dans ces conditions ? Cela le concerne lui. »
« Il n’est pas dégradant de poser la question dans une université, où existe une culture de la remise en question de la vérité », appuie William Gasparini, professeur en sciences sociales du sport et aussi candidat, en réponse à ce qu’avait pu déclarer Alain Beretz sur le sujet. [...]"
Lire "L’Université débute son marathon électoral pour trouver un successeur à Alain Beretz".
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