10 avril 2018
« Vous êtes le président de tous les Français et non des seuls catholiques »
Georges Clemenceau à Raymond Poincaré, 11 novembre 1918.
Le Comité Laïcité République réaffirme, avec la plus grande force, que la morale républicaine est seule guide de l’éthique républicaine. Les croyances diverses de tel ou tel groupe religieux ne peuvent tenir lieu de morale publique, a fortiori pour les autorités de notre pays.
La France est laïque, par sa longue histoire, par la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen, par l’article premier de la Constitution et par la Loi de séparation des Églises et de l’État. Ces trois piliers garantissent la liberté absolue de conscience et le droit à la singularité de chaque citoyen. Notre pays, notamment marqué par la mémoire des déchirements religieux et du joug de l’Église catholique sur les « sujets » de la monarchie, sait trop ce que signifie l’irruption des religions dans les affaires publiques. Les entrepreneurs de séparatisme communautaire et de concurrence religieuse ne s’y trompent d’ailleurs pas, qui dès le 9 avril au soir, réclamaient à M. Macron les mêmes ouvertures que celles faites aux catholiques.
Le président de la République a affirmé que « le lien entre l’Église et l’État est abîmé et qu’il nous importe à vous comme à moi de le réparer. » Nous lui rappelons que le lien entre les Églises et l’État ne peut être abîmé, puisqu’il n’a pas d’existence institutionnelle.
Il a encore dit : « Un président de la République prétendant se désintéresser de l’Église et des catholiques manquerait à son devoir. » Oublie-t-il qu’un président de la République a pour devoir de ne reconnaître aucun culte ? C’est à tous les citoyens dans leur indifférenciation, sans distinction de croyance ou de philosophie, qu’il doit s’intéresser.
Il a affirmé enfin que « la République attend très précisément que les catholiques lui fassent trois dons : le don de [leur] sagesse, le don de [leur] engagement, le don de [leur] liberté ». La République attend en fait très précisément que les catholiques comme tous les autres citoyens lui fassent le don de leur neutralité et, quelles que soient leurs croyances, qu’ils agissent avec sagesse, avec engagement, et en toute liberté pour le bien public.
Le Comité Laïcité République demande, avec l’immense majorité des Français attachés au principe de laïcité et à l’émancipation de chaque citoyen, que le président de la République assure leur liberté de conscience, en ne mêlant pas la religion aux affaires de la Cité.
Comité Laïcité République
le 10 avril 2018.
Lire aussi le discours de Macron aux évêques (9 av. 18) : “Le lien entre l’Eglise et l’Etat s’est abîmé, il nous importe à vous comme à moi de le réparer” (la-croix.com , 10 av. 18), « L’État chez lui, l’Église chez elle » (GODF, 10 av. 18), "Jupiter ventre à terre vers les curés" (ADLPF, 9 av. 18), "En marche… arrière, vers la reconnaissance des cultes ! Emmanuel Macron reçu par les Évêques de France" (Ufal, 8 av. 18), Emmanuel Macron chez les évêques lundi 9 avril, « dans l’octave de Pâques, la plus grande fête chrétienne » (la-croix.com , 4 av. 18), Sarkozy au Latran (20 déc. 07) : “L’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur” et Sarkozy à Riyad (14 jan. 08) : Dieu, “rempart contre l’orgueil démesuré et la folie des hommes” (note du CLR).
Comité Laïcité République
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