Edito du président

Un choix républicain ! (G. Abergel, 25 juin 24)

par Gilbert Abergel, président du Comité Laïcité République. 25 juin 2024

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La campagne électorale déclenchée par le pari insensé du Président donne lieu à un feu d’artifice de mensonges, de promesses intenables, de fantasmes du « grand soir » ou de promesses d’une France redevenue « grande ». Les « experts » ont beau analyser et démontrer l’inanité de ces projets, rien n’y fait. La déraison semble l’emporter.
Animés par l’urgence, pour les uns, de faire barrage, ou, pour d’autres, par l’envie d’essayer, à tout prix, « autre chose », de nombreux citoyens semblent inaccessibles à toute logique.

C’est comme si le « en même temps » présidentiel avait produit son effet pervers au sein de la communauté des citoyens. Se dire « en même temps » attaché à la laïcité et glorifier les "résistants" du Hamas, ou revendiquer « en même temps » l’héritage gaulliste et trouver chez les successeurs de ceux qui voulurent la mort du général la vertu des sauveurs, sont deux versions singulièrement cyniques de cette manière d’oxymore politique.

Le pari présidentiel, qui consiste à tirer profit de ces contradictions pour ramener à la raison et au centre, ce non-lieu politique, des électeurs déboussolés, est un pari perdu.

Une dissolution qui aurait été provoquée à l’issue du rejet du budget s’inscrivait dans le cours d’un fonctionnement normal de nos institutions.
Telle qu’elle intervient aujourd’hui, elle est perçue comme un calcul présidentiel qui prive ses concitoyens d’une campagne d’où aurait pu surgir une nouvelle majorité, sinon partisane, au moins d’idées. Une hypothèse que l’on pourrait juger optimiste tant il est vrai que l’échéance d’une arrivée du RN au pouvoir est à présent envisageable. Son irrésistible progression signe notre régression collective. Les partis, de la gauche, et de la droite républicaine, ont usé, jusqu’à le rendre inconsistant, cet argument du barrage, et, de ce fait, ont oublié de penser. De penser un avenir incarnant nos principes républicains confrontés à une mondialisation inquiétante pour beaucoup de nos concitoyens. Cette faute majeure d’une gauche aujourd’hui défaite se paie au prix fort.

C’est ce que nous rappelait Ariane Mnouchkine, citée par Abnousse Shalmani [1], lorsque, dans une tribune publiée dans le journal Libération, elle rappelait cette évidence de la responsabilité des gens de gauche. "Je nous pense, écrit-elle, en partie, responsables, nous, gens de gauche, nous, gens de culture. On a lâché le peuple, on n’a pas voulu écouter les peurs, les angoisses. Quand les gens disaient ce qu’ils voyaient, on leur disait qu’ils se trompaient, qu’ils ne voyaient pas ce qu’ils voyaient. Ce n’était qu’un sentiment trompeur, leur disait-on. Puis, comme ils insistaient, on leur a dit qu’ils étaient des imbéciles, puis, comme ils insistaient de plus belle, on les a traités de salauds".

Dans le camp de la droite républicaine, on n’a pas fait mieux, en jonglant entre les "nettoyages au karcher", les pains au chocolat volés…

Cette initiative met donc les électeurs devant leurs responsabilités. Il n’est pas dans la tradition du CLR de donner des consignes de vote. Cette tradition de silence n’affaiblit en rien notre rejet du « Front national » rebaptisé « Rassemblement national », parce que nous connaissons notre histoire.

Nos concitoyens doivent, désormais, aller au-delà des affichages partisans et des promesses auxquelles ils ne croient plus. Pour faire un choix républicain, il leur reviendra de distinguer ceux des candidats qui se seront compromis dans des campagnes antisémites de ceux qui auront pris leurs distances avec ces outrances. De distinguer les républicains qui auront cédé aux sirènes du RN de ceux qui sont restés fidèles à leur histoire.

Le vote ne se limitera pas au choix d’une couleur, mais bel et bien au choix de femmes et d’hommes qui partagent notre attachement aux principes républicains, à la laïcité.

Gilbert Abergel,
président du Comité Laïcité République



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