Edito du président

« Pourquoi pas essayer l’extrême droite ? » Une stratégie risquée, naïve, et coupable (G. Abergel, 4 juin 24)

par Gilbert Abergel, président du Comité Laïcité République. 9 juin 2024

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La réalité est là, qui nous étonne, qui nous indigne. Sondage après sondage le RN se maintient en tête des intentions de vote. Une bonne partie de nos concitoyens, prenant prétexte du procès en inefficacité de notre classe politique, se retranche derrière un « pourquoi pas essayer ? ». C’est là une stratégie risquée, naïve, et, à terme, coupable.

Le vote défouloir n’existe pas. Un vote est un choix, l’affirmation d’une conviction, de l’attachement à des valeurs. Voter pour un front rebaptisé rassemblement par stratégie marketing, ce n’est pas donner une leçon à un personnel politique jugé défaillant, c’est prendre pour argent comptant des mensonges, c’est faire preuve d’amnésie.

Comment oublier notre Histoire et détourner le regard de ce que fut l’extrême droite dans notre pays ?

Comment oublier que le FN fut le produit d’une fusion avec l’organisation « Ordre nouveau » ?

Que Madame Le Pen avait affirmé, à l’occasion du Congrès de Tours en 2011, dans son discours d’investiture à la présidence du FN, assumer « tout l’héritage » et « prendre toute l’histoire du FN » ?

Qu’elle fut l’invitée d’honneur au bal de l’extrême droite européenne à Vienne le 27 janvier 2012 ?

Comment oublier que le FN fut le seul parti à avoir réclamé l’abolition de la loi Gayssot qui sanctionne le négationnisme ?

A ces rappels d’une histoire qui fleurait bon l’antisémitisme et le pétainisme, il nous est objecté « dédiabolisation ! ». Comme si l’annonce valait le fait.

Si l’on peut faire crédit aux dirigeants de ce parti d’avoir officiellement abandonné leur crédo antisémite, de s’être débarrassés de traces par trop visibles d’un passé où l’avortement était assimilé à un génocide, rien n’est dit sur ce qui anime la face cachée de ce mouvement. L’exhibition d’une figure médiatique associée au silence prudent de celle qui incarne l’échec d’une famille ne peut être assimilée à un programme politique. Il faut être crédule pour accepter cette fable de la dédiabolisation. En déclarant vouloir « assumer tout l’héritage du FN » la présidente en disait plus sur son programme que les circonlocutions et contorsions de la tête de liste aux européennes.

Nos concitoyens qui s’apprêtent à voter pour le RN en ont-ils conscience ?
N’est-il pas déjà trop tard pour les éveiller ?

Gilbert Abergel,
président du Comité Laïcité République


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