Revue de presse

"Rushdie attaqué : 1989-2022, comment les islamistes ont intimidé les libres penseurs" (L’Express, 18 août 22)

20 août 2022

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

En 2014, Isabelle Adjani a considéré qu’elle mettrait sa "tête sur le billot" en citant de nouveau les "Versets sataniques". Une part de la gauche semble avoir déserté le combat."

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Isabelle Adjani reçoit le Prix de la Laïcité le 1er octobre 2010 à la Mairie de Paris. [1]

"Il faut toujours relire Salman Rushdie. Dans L’Express du 22 juillet 2015, l’écrivain déplorait les "mauvaises leçons" de l’affaire des Versets sataniques dans le monde occidental : "Au lieu d’en déduire qu’il faut s’opposer à ces attaques contre la liberté de s’exprimer, on a cru qu’il fallait les calmer par des compromis et des renoncements." [...]

Le 4 mars 1989, au théâtre de l’Empire, à Paris, Isabelle Adjani vient d’obtenir le César de la meilleure actrice, pour Camille Claudel. L’actrice a "envie de dire des choses tragiques". Elle récite quelques lignes des Versets sataniques : "Question : quel est le contraire de la foi ? Pas l’incrédulité. Trop catégorique, certain, fermé, en soi une sorte de foi, le doute. La condition humaine. Mais quelle est la condition de l’ange ? A mi-chemin entre Dieu et homo sapiens, ont-ils jamais douté ? Oui. (...)". La gauche soutient alors l’écrivain. [...]

En 1983, [Abdelaziz Chaambi,] porte-parole de l’Union des jeunes musulmans, né en 1957, a participé à la marche dite des Beurs pour l’égalité. Ce 18 mars 1989, il tempête contre l’interdiction de la manifestation anti-Rushdie à Lyon. "Que voulons-nous ? Rien d’autre que ce que d’autres ont obtenu, à savoir l’interdiction d’un roman qui insulte l’islam", déclare-t-il.

Vingt-cinq ans plus tard, au détour d’un entretien au Point, en décembre 2014, Isabelle Adjani estime qu’elle ne pourrait plus citer les Versets. [...]. Ce 14 août 2022, [Abdelaziz Chaambi] partage sur Facebook un message virulent contre Rushdie, qualifié de "vendu" [...].

L’un poursuit sa guerre tandis que l’autre a renoncé à débattre.

Que s’est-il passé, entre-temps ? L’intimidation. En juillet 1991, Hitoshi Igarashi, le traducteur japonais de Rushdie, est assassiné. Son traducteur italien, son éditeur norvégien et son traducteur turc ont subi des tentatives de meurtre, au couteau, par balles ou par incendie volontaire. L’écrivain lui-même vit sous protection. Il n’y a pas que les Versets. Véronique Sanson, menacée de mort, a dû renoncer à jouer sa chanson Allah. En 2006, le prêtre italien Andrea Santoro est assassiné en Turquie. L’auteur du meurtre justifie son acte par les caricatures de Mahomet diffusées dans le journal danois Jyllands-Posten. Une déclaration de guerre de la chrétienté à l’islam, selon lui. En novembre 2011, les locaux de Charlie Hebdo, qui a repris ces dessins, sont incendiés. Et puis les attentats de janvier 2015, et les suivants. [...]

En novembre 2019, La France insoumise se rend à la "manifestation contre l’islamophobie", à Paris, à l’appel du CCIF, dissous fin 2020 pour "propagande islamiste", selon Gérald Darmanin. En janvier 2020, quand Mila, une adolescente de 16 ans, insulte l’islam de façon vulgaire - "votre Dieu, je lui mets un doigt dans le trou du cul" - la gauche se mobilise peu contre les menaces de mort dont elle est l’objet. Cette même année, qui voit l’enseignant Samuel Paty être décapité après une accusation mensongère d’"islamophobie" sur les réseaux sociaux, Jean-Luc Mélenchon affirme encore que les journalistes de Charlie Hebdo "facilitent l’escalade zemmouriste". Autant de positions qui amèneront Houria Bouteldja, cofondatrice des Indigènes de la République, un parti d’extrême gauche qui défend avec virulence la thèse d’un "racisme d’Etat" en France, à qualifier l’Insoumis de "butin de guerre".

Abdelaziz Chaambi gravite précisément dans ces réseaux. En octobre 2021, son association, Coordination contre le racisme et l’islamophobie (CRI), a été dissoute, pour des appels "à la haine, à la violence et à la discrimination", selon Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur - des faits qu’il conteste. Cela n’a pas empêché cet autre cofondateur des Indigènes de la République de figurer parmi les premiers signataires de la tribune "On s’en mêle", un appel à voter Jean-Luc Mélenchon porté par un "réseau national d’acteurs des quartiers populaires", en mars 2022. Auprès du Monde, le 27 avril, le militant affirmait avoir noué "des contacts intéressants avec les responsables insoumis, pour envisager l’avenir des quartiers autrement" [...]."

Lire "Rushdie attaqué : 1989-2022, comment les islamistes ont intimidé les libres penseurs".

[1Légende photo : CLR.



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