Renée Fregosi, philosophe et politologue. 8 octobre 2019
[Les articles de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
"[...] L’islamisme est un mouvement politique polymorphe qui travaille à différents niveaux, selon des méthodes diversifiées et à travers des acteurs multiples. La lutte idéologique y est aussi importante que la terreur des actes, l’endoctrinement individuel aussi nécessaire que la stratégie d’infiltration des institutions, les adeptes volontaires aussi dangereux que les idiots utiles et les cyniques. Dans cette entreprise islamiste, les attentats terroristes ne sont que la partie immergée de l’iceberg. Certes, les connexions tant logistiques qu’idéologiques sont complexes et difficiles à démêler. Au demeurant, les progrès d’une certaine islamisation des esprits sont indéniables : ils se manifestent dans tous les domaines de la société, des secteurs publics aux entreprises privées, de l’espace public physique (rues, plages, piscines…) aux discours politiques, médiatiques, universitaires.
Dans ce contexte, un schizophrène tranquille peut devenir violent et être poussé au passage à l’acte par l’effet d’un bourrage de crâne religieux de type sectaire comme la propagande islamiste. Qu’un assassinat au couteau (arme ordinaire fréquemment utilisée par les terroristes islamistes pour égorger leurs victimes du Levant à la gare de Marseille) soit ou non revendiqué par une instance califale autoproclamée, cela ne change pas la nature islamiste de l’attaque.
Quant aux fameux « signes de radicalisation » observés ou non chez les assassins avant leurs crimes, il s’agit là encore d’une question absurde. Refuser de serrer la main des femmes, obliger sa femme à porter le voile, constituent-ils des signes de radicalisation ? Oui si l’on considère le salafisme c’est-à-dire la pratique rigoriste comme un islam « radical ». Non si l’on entend par « radicalisé » un individu devant forcément commettre un attentat.
Mais ce qu’il faut comprendre ou bien admettre, c’est que l’islamisme consiste à faire de tout musulman un auteur, un complice, un admirateur, un approbateur ou au minimum un indifférent face au terrorisme islamiste. L’islamisme, l’islam politique, vise à rendre la religion musulmane intolérante, totalitaire, voire criminelle. La réticence des responsables politiques, des médias mainstream et des intellectuels à combattre l’islamisme sur tous les terrains est alors gravement coupable. Les musulmans et tous ceux qui sont assignés de force à une appartenance ethnico-religieuse en rapport avec l’islam sont abandonnés aux extrémistes. L’ensemble de la société est fragmenté par un séparatisme délétère : séparation des « communautés » et séparation des sexes. La République laïque est attaquée sans répit. [...]"
Lire « À chaque fois qu’un attentat est commis, on évoque d’abord un déséquilibré ».
Lire aussi "Arrêtons avec la thèse du "loup solitaire" qui relève du mythe dangereux !" (E. Delbecque, Le Monde, 16 juin 16), A. Gerin : « Arrêtons avec la fable du loup solitaire » (Le Progrès, 4 juil. 16), les rubriques Attaque de la préfecture de police de Paris (3 oct. 19), Djihadistes français et/ou en France dans Terrorisme islamiste (note du CLR).
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