Philippe d’Iribarne, sociologue, directeur de recherche au CNRS ; Farhad Khosrokhavar, sociologue, directeur d’études à l’EHESS. 14 août 2019
[Les articles de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
"[…] Philippe d’Iribarne. Quand on regarde les données brutes d’enquête, on voit que ce regard porté sur l’islam est extrêmement nuancé ; ils distinguent à la fois entre divers aspects de l’islam, et entre diverses, disons, personnes que l’on peut qualifier de musulmanes. […]
Farhad Khosrokhavar. En cinquante ans, l’Arabie saoudite a transformé une version wahhabite de l’islam qui était minoritaire en une version majoritaire. Pourquoi ? Du fait du pétrole, de la possibilité financière qu’elle avait de répandre ce type de message dans le monde musulman. Donc, là aussi il y a une sorte de complicité de l’Occident […].
Il y a une sécularisation tardive de l’islam, qui fait que, maintenant, il faut que cette religion, ou plutôt les musulmans changent, eu égard à ce qu’on pourrait appeler les droits universels de l’Homme. […]
Comment on adapte les normes à une société où, qu’on le veuille ou non, entre 6 et 8 % de la population en France se réclame de la religion d’Allah ? Il ne s’agit absolument pas de vouloir ner la liberté d’expression, nier la liberté de conscience, mais on peut aussi quelquefois se poser la question de savoir si une attitude totalement iconoclaste, par exemple les caricatures de Mahomet - les Anglo-saxons ne l’ont pas fait - on une attitude frontalement insultante vis-à-vis de la religion - pas seulement l’islam […] -, est-ce que cette attitude ne doit pas plus ou moins, intérieurement, être modérée par le fait qu’on est dans un monde qui n’est plus celui du XIXe siècle ou de la première moitié du XXe sicèle. C’est un problème de bon sens et non pas de remise en cause des principes ? […]
Philippe d’Iribarne. Le discours de l’"islamophobie" freine l’acculturation, […], tend à dire aux musulmans : "Globalement tous êtes détestés, vous êtes haïs, vous n’êtes pas reconnus, etc. Donc la seule solution qui vous reste, c’est de vous lever, de vous opposer, de construire une contre-société islamique, et surtout de refuser de vous intégrer." […]"
Ecouter "Qu’est-ce que l’islamophobie ?"
Voir aussi dans la Revue de presse "Les Tunisiennes musulmanes autorisées à se marier avec des non-musulmans" (AFP, france24.com , 15 sep. 17), les rubriques Quel niveau d’intolérance en France ? dans Discriminations et "Islamophobie" dans Liberté d’expression ; les notes de lecture P. Bruckner : L’accusation d’"islamophobie", un poison mortel au coeur de la gauche par Patrick Kessel, H. Bouteldja : Le complexe de persécution par Khaled Slougui (note du CLR).
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