Communiqué du CLR

Pour une séparation des églises et des institutions européennes (2 juin 04)

juin 2004

Une constitution destinée à fonder une communauté de destin pour des millions d’européens ne saurait se baser sur une source de discrimination.

Le Comité Laïcité République s’indigne que le premier ministre Jean-Pierre Raffarin s’arroge le droit de déclarer à Dublin que la France ne serait pas « hostile » à la proposition d’inclure une référence au christianisme dans la future constitution européenne, ce qui est totalement contraire à la position clairement affichée par la France depuis ces dernières années.

Cette ultime tentative du lobby catholique pour introduire cette référence dans la charte européenne des droits fondamentaux est faite au mépris des idéaux de laïcité qui fondent la République française et qui devraient fonder le discours de ses représentants sur la scène européenne. Il s’agit là d’une complaisance inacceptable à l’égard des forces réactionnaires de l’obscurantisme moderne qui pensent, en dernière minute, utiliser les nouveaux adhérents comme cheval de Troie pour imposer leur point de vue clérical et minoritaire.

Le Comité Laïcité République rappelle qu’une mention au christianisme dans une constitution qui n’a fait pour l’instant l’objet d’aucune concertation, ni d’aucune ratification démocratique, signifierait simplement que la grande majorité des européens sans religion ou simplement indifférents, mais aussi de religions non chrétiennes, seraient exclus de la citoyenneté européenne. Pour importante qu’une forme de pensée ait été dans l’histoire de l’Europe, elle n’a pas de priorité sur les autres mouvements de pensée qui l’ont précédée ou suivie.

Le Comité Laïcité République rappelle combien de sang les guerres ethniques et religieuses leur ont coûté dans une histoire récente ; les plus farouches adversaires des récents progrès de la Démocratie comme la contraception, l’I.V.G., le droit à mourir dans la dignité, l’égalité des femmes sont justement ceux-là même qui aujourd’hui voudraient nous imposer cette référence au christianisme.

M. Jean-Pierre Raffarin serait bien prudent d’attendre les élections européennes pour savoir dans quelle mesure il est mandaté par la nation pour tenir des propos aussi radicalement opposés à l’esprit de la République.

Le Comité Laïcité République demande que le gouvernement rappelle, au contraire, son attachement à la laïcité nécessaire des institutions européennes et insiste pour le retrait du projet de constitution de l’article 51, qui reconnaît aux églises une spécificité qu’elle ne saurait avoir dans une Europe sécularisée.

La laïcité était une exception française, agissons ensemble pour qu’elle devienne un modèle européen.

CLR, 2 juin 2004



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