Comité Laïcité République - La laïcité n’est pas une opinion, c’est la liberté d’en avoir une

[...] Que nous dit Paul Yonnet dans cet essai qui lui valut tant d’opprobre ? Que SOS-Racisme n’a pas seulement échoué à endiguer le racisme supposé de la société française, il a puissamment contribué au retour de la race dans l’imaginaire collectif. Lutter contre le racisme en propageant le racialisme, tel fut son paradoxe. D’un côté on prétendait réduire le préjugé racial, de l’autre on diffusait une vision raciale des rapports sociaux reposant sur l’abandon du principe d’assimilation. En détruisant le creuset de la nation, jugé excluant, on aboutit finalement au triomphe des communautés, qui vivent côte à côte et bientôt face-à-face (selon la formule de Gérard Collomb). L’antiracisme des années 1980 n’a pas été trahi par le néo-antiracisme à la sauce woke, il en est la source. [...]

Très subtilement, il relie le développement de l’antiracisme des années 1980 à l’échec de mai 1968. La révolution ayant échoué parce que les ouvriers n’ont pas rallié les étudiants, le gauchiste français s’est senti trahi et a reporté son intérêt sur l’immigré, devenu le nouvel « agent d’une inéluctabilité historique », l’utopie panraciale. [...]

Ce livre fut publié en 1993, peu après le référendum de Maastricht qui allait déléguer la puissance de l’État-nation à l’Union européenne. « Plus les États-nations délégueront de prérogatives politiques à l’échelon européen, plus ils abandonneront leur souveraineté propre, et plus le concept d’identité prendra de l’importance », prophétisait le sociologue. « L’identité c’est ce qui reste quand on a oublié la nation. » Nous y sommes. [...]"

Lire "Eugénie Bastié : « Comment l’antiracisme a réinventé le racisme »".