29 avril 2021
[Le Comité Laïcité République appelle à signer cette pétition, sur change.org.]
"Le 14 février dernier, la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation dénonçait l’existence d’emprises extrémistes qui, selon elle, s’exerceraient au sein des facultés. La Conférence des présidents d’université (CPU) répondait en récusant tout conditionnement idéologique. Selon eux, l’université n’est pas concernée par une aussi grave accusation. Dans un communiqué du 23 octobre 2020, la CPU avait par ailleurs déclaré que "l’université [était] un lieu de débat et de construction de l’esprit critique".
L’objet de notre tribune n’est pas de vouloir donner raison aux uns ou aux autres. Mais, en tant qu’universitaires et acteurs du monde de la culture, nous observons que les extrémismes en tout genre ont, depuis toujours, convoité et recherché activement leur légitimation académique. Qu’il s’agisse d’extrémismes de droite ou de gauche, religieux ou nationalistes, ils ont tous, à un moment donné, considéré que, l’avenir de la nation se jouant largement au sein des universités, ces dernières constituaient un terrain d’action à privilégier afin de faire progresser leurs causes. La récente affaire de Sciences po Grenoble [NDLR : les noms de deux professeurs, accusés d’islamophobie, ont été affichés devant l’établissement par une association étudiante] n’est qu’une illustration supplémentaire de la cible que l’université représente pour les idéologies extrémistes, qui, toutes, aiment se draper d’oripeaux pseudoscientifiques.
Préoccupés, comme de nombreux citoyens, par cette situation de grande confusion et de dégradation du débat, nous souhaiterions aider les présidents d’université à rendre irréfutable leur protestation de bonne foi. Nous pensons, comme eux, que l’université est un lieu de débat et d’élaboration de l’esprit critique.
Nous leur proposons donc de laisser programmer et diffuser, dans leurs établissements, la lecture du texte posthume de Charb Lettre aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes. Tous ceux qui connaissent ce texte savent qu’il prône la tolérance et la paix ; qu’il ne met en cause ni la religion ni les pratiquants, mais les ignorants qui détournent les mots de leur sens et utilisent l’intimidation et la censure en dévoyant l’argument de respect de la différence. Ce livre est un manifeste contre le racisme et l’intolérance qui tord le cou à tous les extrémismes désireux de semer la confusion dans les esprits. Il constitue un point de départ fructueux pour ouvrir le débat sur une diversité non dévoyée et sur la formation de l’esprit critique.
L’université, lieu du savoir, doit pouvoir accueillir tous les débats ? Alors, soyons sans crainte, et ouvrons nos facs à Charb !
Appel lancé à l’initiative d’Isabelle Barbéris, maître de conférences en arts de la scène à l’université de Paris et chercheuse associée au CNRS, et de Samuel Mayol, maître de conférences en sciences de gestion à l’université Sorbonne-Paris-Nord.
Premiers signataires : Ariane Mnouchkine, metteuse en scène et animatrice de la troupe du Théâtre du Soleil ; C215, street artist ; Xavier Gorce, dessinateur de presse ; Fernando Arrabal, poète, romancier, essayiste, cinéaste ; Patrick Sommier, metteur en scène ; Fabien Ollier, directeur des éditions QS ? et de la revue Quel Sport ? ; Jean-Yves Masson, écrivain, traducteur, éditeur, critique littéraire ; Coraly Zahonero, comédienne et metteuse en scène, sociétaire de la Comédie-Française ; Michel Deutsch, écrivain, dramaturge, traducteur, scénariste et metteur en scène ; Olivier Meyer, directeur du théâtre de Suresnes - Jean-Vilar ; Laurent Rochut, directeur de La Factory-théâtre de l’Oulle, à Avignon ; Jean-Philippe Domecq, romancier, essayiste ; Antoine Leperlier, maître verrier ; Ami Flammer, violoniste, professeur au CNSMDP ; Jean-Paul Lilienfeld, cinéaste, metteur en scène ; Thierry Mercier, photographe ; Jean-Marie Brohm, sociologue, anthropologue et philosophe ; Jean Szlamowicz, maître de conférences à l’université de Bourgogne ; Charles Coutel, professeur des universités ; André Quaderi, professeur des universités en psychologie clinique et psychopathologie à l’université Côte-d’Azur ; Xavier-Laurent Salvador, maître de conférences en langue et littérature médiévales à l’université Sorbonne-Paris-Nord ; Michel Albouy, professeur émérite en sciences de gestion à l’université Grenoble-Alpes ; Sami Biasoni, doctorant en philosophie à l’Ecole normale supérieure ; Michel Fichant, professeur émérite à Sorbonne Université ; Pierre-André Taguieff, politologue, sociologue, historien des idées et directeur de recherche honoraire au CNRS. "
[Le Comité Laïcité République appelle à signer cette pétition.]
Lire "Ouvrons nos facs à Charb et au débat !"
sur change.org la pétition "Lettre aux Présidents d’université : Ouvrons nos facs à Charb et au débat".
Voir aussi dans la Revue de presse les rubriques Le livre posthume de Charb, Une enquête sur l’"islamo-gauchisme" à l’université (2021),
les rubriques Censures à l’université dans Enseignement supérieur, "Islamo-gauchisme" dans Gauche et islamisme dans Gauche ;
l’édito de Patrick Kessel Charb, reviens, ils sont devenus fous ! (P. Kessel, 4 mai 15) ; le Colloque du CLR "L’université sous influence" (Paris, 15 juin 2019), le Colloque du CLR « Laïcité et enseignement supérieur » (Paris, 30 mai 15) (note du CLR).
Comité Laïcité République
Maison des associations, 54 rue Pigalle, 75009 Paris
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