Naëm Bestandji, blogueur féministe et laïque, auteur de "Le linceul du féminisme" (éd. Seramis, 2021). 6 mai 2022
[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
"[...] Vous usez de ce que j’ai nommé la rhétorique d’inversion, une technique habituellement utilisée par l’islamisme politique. Elle consiste à récupérer nos concepts, nos expressions, nos idéaux laïques et féministes, pour les détourner afin de les retourner contre la République. [...]
Le voile, et sa déclinaison waterproof qu’est le burqini, ne sont pas des expressions spirituelles ni une pratique religieuse en islam. Ils sont une expression sexiste et patriarcale affichée comme identitaire. Le voilement des femmes n’est pas une prescription islamique mais islamiste. La nuance peut sembler subtile, mais elle est de taille. Une de ses justifications est l’obligation de son port. Le voile a été créé pour dicter aux femmes comment se vêtir. [...]
La raison n’est pas religieuse mais sexuelle : le risque de croiser un homme étranger à sa famille et donc, selon leur obsession sexuelle, le risque de séduction charnelle dont la responsabilité repose sur le corps des femmes. [...]
Si des militants portaient un bonnet à l’effigie du syndicat ou du parti politique qu’ils représentent, tout le monde le considérerait comme de la propagande. [...]
Si le patriarcat n’est pas le vêtement, pourquoi aucun homme ne porte le voile ? Pourquoi aucun islamiste ne crée un faux « syndicat des hommes musulmans », tel qu’il en existe un aussi faux pour les « musulmanes » au sein d’Alliance citoyenne, pour brandir « la liberté de se couvrir » ? Le voile a été créé par des hommes. Il est prescrit par des hommes. Il est imposé par des hommes. Il est martelé par des hommes à travers des milliers de prêches, de livres, de conférences, d’émissions « religieuses ». Il est justifié par une « pudeur » féminine créée par des hommes pour dissimuler l’objet de tentation afin d’apaiser la libido des « prédateurs » que seraient ces mêmes hommes. Si aucun homme ne prescrivait le voile, aucune femme ne le porterait. L’injonction patriarcale passe, ici, par le vêtement. [...]
Jamais vous n’auriez soutenu une telle proposition si d’autres extrémistes vous demandaient d’autoriser un accessoire vestimentaire stigmatisant une partie de l’humanité en raison de son ethnie ou de sa couleur de peau, comme le voile a pour fonction de stigmatiser la moitié de l’humanité en raison de son sexe. Vous n’autoriseriez jamais un tel accessoire en vous réfugiant derrière la laïcité, même si dix religions vous étaient brandies… et même s’il respectait l’hygiène et la sécurité… Vous auriez refusé au nom de la lutte contre le racisme, même si son port avait été revendiqué comme un « libre choix » par certains.
Mais, lorsqu’il s’agit des femmes, vous adoptez une position relativiste. C’est une marque de votre héritage culturel patriarcal où les discriminations envers les femmes relèvent de la norme. C’est aussi la marque de votre vision orientaliste et condescendante des musulmans. [...]
Vous êtes aujourd’hui dans le camp de la droite ultra-conservatrice, comme le sont les islamistes sur l’échiquier politique des pays musulmans. Vous ne vous opposez pas seulement aux valeurs de la République. Vous vous opposez aussi à l’héritage de l’histoire de la gauche. [...]"
Lire "Burkini : Éric Piolle dévoile sa vision réactionnaire des femmes, qu’il présente comme un progrès".
Voir aussi le communiqué du CLR Burqini : l’acharnement islamiste contre les femmes (CLR, 4 mai 22), dans la Revue de presse "Climat, laïcité et liberté d’association : Éric Piolle interpelle Emmanuel Macron" (ledauphine.com , 29 avril 22) dans le dossier Burqini à Grenoble dans la rubrique Burqini dans Voile & vêtements, les rubriques Baignade en public, Extrême droite, Grenoble (note du CLR).
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