Contribution

Mosquée de Strasbourg : derrière le retrait de la demande de subvention (M. Bouchaud)

par Michel Bouchaud. 19 avril 2021

À l’heure du café, on apprenait samedi que l‘association Milli Gorus, à l’initiative du projet de la nouvelle mosquée de Strasbourg, renonçait à sa demande de subvention. Mais il faut scruter un peu plus loin pour connaître la raison qui motive cet abandon, pour le moins inattendu alors que la dispute fait rage autour de la notion de financement d’un culte par une collectivité publique.

L’association fait savoir que son financement n’est pas bouclé et qu’elle n’a pas besoin de cette subvention de 2,5 millions d’euros accordée par la Ville de Strasbourg. Cela laisse perplexe au moins en termes de cohérence du propos, tout comme le silence assourdissant de la Maire de Strasbourg, trop contente de se voir retirer une épine du pied…

Car depuis la publication d’un sondage sur le maintien du régime du concordat et le financement des lieux de culte en Alsace-Moselle, il semble que certains deviennent un peu moins téméraires et qu’une certaine forme de pêche aux voix lors des élections soient plus hasardeuse : 85% des français sont opposés au financement des lieux de culte ainsi que 61% des Alsaciens-Mosellans… Cela la fiche extrêmement mal pour la Mairie de Strasbourg qui n’avait rien trouvé de mieux que de convenir de cette subvention en plein débat sur une loi contre les séparatismes [1].

L’abrogation de l’exception concordataire en vigueur en Alsace-Moselle mérite d’être menée avec soin, comme l’exige une écrasante majorité de Français. Il s’agit bien sûr d’en finir avec le financement des cultes par l’ensemble des contribuables de ce pays mais aussi de traiter les questions relatives aux droits sociaux spécifiques dont bénéficient les Alsaciens et les Mosellans.

C’est l’honneur d’une république qui se définit par sa Constitution comme laïque et sociale qui est en jeu. Mais c’est aussi la quiétude de la vie publique que l’on défend ici, dans l’esprit même de la loi de 1905, qui rappelons-le ici ne stigmatise à aucun moment les croyants mais enjoint les autorités religieuses à se conformer aux lois de la république.

Michel Bouchaud

[1Projet de loi confortant le respect des principes de la République.



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