Renaud Dély, directeur de la rédaction de "Marianne". 14 avril 2018
"Le débat politique a-t-il vraiment « besoin » de la « foi » des catholiques ? Mais aussi, pourquoi pas, de la dévotion de la communauté juive ou de la ferveur des musulmans ? Nos controverses publiques qui visent à réguler la vie de la cité seront-elles plus apaisées, plus sereines, et surtout plus riches et plus constructives si elles intègrent demain les croyances des uns, les dogmes des autres et le mysticisme de tous ? Il est permis d’en douter. C’est pourtant le sens de la périlleuse exhortation émise par Emmanuel Macron devant la Conférence des évêques de France, sous la nef du prestigieux collège parisien des Bernardins. Citons l’adresse aux catholiques prononcée par le président de la République en ce 9 avril, jour de la Saint-Gauthier, au septième jour après le lundi de Pâques : « Ce à quoi je veux vous appeler ce soir, leur a lancé Emmanuel Macron, c’est à vous engager politiquement dans notre débat national et dans notre débat européen car votre foi est une part d’engagement dont ce débat a besoin. » Vraiment ? [...]
Tous les citoyens [...] ont le droit et même le devoir de participer pleinement au débat public, d’y apporter leurs convictions, leur sensibilité et leur énergie. Mais à titre individuel, pas en tant que lobby organisé décidé à importer les préceptes de la "foi" dans la gestion des affaires publiques. Or l’inquiétude soulevée par le discours présidentiel réside dans la confusion que le garant des institutions républicaines entretient entre le temporel et le spirituel. [...]
Appeler les catholiques à importer leur "foi" dans le débat public, et donc demain les autres "communautés" [1] à faire de même, c’est prendre le risque d’enflammer des esprits au moment même où l’islam politique mène l’offensive pour asservir les consciences et réguler les affaires du monde. [...]"
[1] Guillemets ajoutés par le CLR (note du CLR).
Voir aussi Un président de la République a pour devoir de ne reconnaître aucun culte (CLR, 10 av. 18), J.-P. Sakoun : « Je regrette que M. Macron ait donné le sentiment de s’adresser à l’Eglise en croyant » (LCI, 10 av. 18), le discours de Macron aux évêques (9 av. 18) : “Le lien entre l’Eglise et l’Etat s’est abîmé, il nous importe à vous comme à moi de le réparer” (la-croix.com , 10 av. 18), L. Bouvet : "Accorder une place à l’Eglise catholique pour déboucher sur l’islam de France : le pari risqué de Macron" (lefigaro.fr/vox , 11 av. 18) dans la rubrique Macron chez les évêques de France (9 avril 2018) de la Revue de presse, Sarkozy au Latran (20 déc. 07) : “L’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur” (note du CLR).
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