28 février 2015
"La scène se passe au dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France, qui n’est plus connu, aujourd’hui, que sous son acronyme : Crif. Loin de l’esprit universaliste de Théo Klein, cet événement mi-politique, mi-mondain est devenu, avec le temps et la confusion intellectuelle, la manifestation pas très habile des noces du communautarisme et de l’entre-soi. Un tout petit monde - les hommes avec de longues écharpes blanches et les dames en robe de soirée - se presse ainsi autour des tables pour se faire morigéner par le président du Crif, l’inénarrable Roger Cukierman, qui défend les Français de confession juive avec la grâce et l’habileté de Mr Bean lorsqu’il prépare la dinde de Noël.
Justement, c’est pour répondre à ce héraut pointé qui collectionne les bourdes comme d’autres les cendriers à proverbe que François Hollande a parlé de « Français de souche » à propos des adolescents responsables de la profanation entre le jeudi 12 et le dimanche 15 février, du cimetière juif de Sarre-Union.
Cette expression honnie par la gauche, depuis plus de vingt ans. Cette expression retournée comme un gant par les « indigènes de la République » qui parlent de « souchiens ». Cette expression que les identitaristes font rouler dans leurs bouches comme une friandise a provoqué un concert de protestations et pas seulement sur les réseaux sociétaux. [...]
Résumons. Donc, de même que le président de la République ne fait pas ce qu’il voudrait faire, il ne dit pas ce qu’il voudrait dire. Les exemples de cette faiblesse sont nombreux depuis le début de ce quinquennat de cabotage. Dernièrement, François Hollande, à l’inverse de son Premier ministre, Manuel Valls, a mis du temps à parler de « djihadistes », optant pour le terme de « terroristes », comme si nous étions retournés dans les années 80. De même, après la décapitation de 21 coptes par Daech en Libye, il a condamné l’assassinat sauvage de « ressortissants égyptiens », gommant leur confession qui les a conduits précisément au martyre.
Ce refus permanent de nommer les choses est bien l’essence du hollandisme de souche... Comme si on pouvait contourner l’obstacle, le défi ou l’enjeu en niant son existence. Du coup, quand le chef de l’Etat ne peut pas faire autre chose que de reconnaître la dureté des faits, quand il est coincé - ce qu’il a plus que tout en horreur -, il finit par employer à la hâte et sans en mesurer les conséquences politiques le vocabulaire de l’adversaire. [...]."
Lire aussi "François Hollande, la novlangue et les « Français de souche »" (V. Trémolet de Villers, Le Figaro, 26 fév. 15), Michèle Tribalat : « Français de souche, comme on dit » (lefigaro.fr/vox , 24 fév. 15), Cukierman (Crif) : "Toutes les violences aujourd’hui sont commises par des jeunes musulmans" (Europe 1, 23 fév. 15), A. Finkielkraut : réponse à ceux qui m’accusent d’avoir parlé de "Français de souche" (lefigaro.fr/vox , 7 fév. 14) (note du CLR).
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