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Laïcité à l’école : "le climat est serein", estime N. Vallaud-Belkacem (discours à l’Observatoire de la Laïcité, 21 oct. 14)

23 octobre 2014

"[...] Ma conviction sur la laïcité est qu’elle est un principe essentiel et intangible garant du vivre ensemble, qui ne peut être à géométrie variable, soumis aux fluctuations des contextes sociaux ou politiques, négocié avec tel ou tel groupe de pression, ou enfin présenté de manière différente en fonction d’intérêts partisans ou d’objectifs qui lui sont exogènes. Cette intangibilité signifie que nous devons éviter deux écueils : la laïcité dégradée, ou laïcité ouverte, qui abdiquerait son ambition et son sens par des petits reculs ou des compromis successifs ; la laïcité dite de combat, qui stigmatise le fait religieux et constitue parfois le masque de l’islamophobie.

[...] Je tiens à vous dire ma conviction sur le contexte actuel, à l’heure où les tensions communautaires et religieuses prospèrent, où les logiques identitaires sont à l’œuvre. Je ne suis ni naïve, ni angélique, je mesure la difficulté de la situation et de la tâche, mais je refuse que l’école comme la laïcité soient vécues ou se vivent comme des citadelles assiégées.

À cet égard, la Direction générale de l’enseignement scolaire (DGESCO) a rendu en avril 2014 les conclusions d’une enquête menée auprès de trente académies sur le respect du principe de laïcité à l’école, qui atteste d’une situation globalement apaisée :

  • la Charte de la Laïcité a fait l’objet d’une bonne diffusion et d’un affichage massif et visible, quoiqu’il n’ait pas toujours revêtu le caractère solennel souhaité. La Charte de la laïcité à l’Ecole apparaît bien comme un outil considéré comme très utile par la communauté pédagogique pour poser un cadre commun, un outil nécessaire mais non suffisant pour faire respecter la laïcité de l’école.
  • Le non respect de la loi de 2004 n’a fait l’objet que d’un très petit nombre d’incidents, réglés le plus souvent par le dialogue. Globalement, la loi est bien acceptée et bien comprise par les élèves et leurs familles. Elle contribue à faire régner, dans les écoles et établissements, un climat apaisé autour de la laïcité.
  • Globalement rares, présentées comme marginales ou très localisées, les contestations de certains enseignements concernent le fait religieux (refus de visiter des édifices religieux, de suivre un cours sur l’Islam ou un cours de français utilisant comme support la Bible.), la musique (refus de chanter ou de souffler dans un instrument à vent), l’éducation physique et sportive (natation particulièrement), l’éducation à la sexualité, l’histoire de l’évolution (en cours de SVT), le génocide arménien et la Shoah.
  • Sur la restauration scolaire, les académies indiquent qu’une offre de menus répondant à la diversité culturelle des élèves prévaut et que les problèmes sont ainsi très circonscrits.

En conclusion, si le climat est serein, c’est également avant tout parce que les personnels exercent une vigilance permanente et recherchent une résolution des conflits par le dialogue, avec la volonté de créer une culture commune partagée.

Pour autant, au-delà de ce constat global qui n’ignore pas des difficultés locales graves et des situations de radicalité inquiétantes, il nous faudra travailler ensemble sur des questions qui continuent d’interroger l’institution régulièrement.

Je pense notamment à la situation des parents accompagnateurs de sorties scolaires. Tout en rappelant mon attachement à la neutralité du service public, je vous indique que ma position est conforme à celle qu’a rappelée le Conseil d’État : "les parents accompagnant des sorties scolaires ne sont pas soumis à la neutralité religieuse". Ils ne peuvent être considérés comme des agents auxiliaires du service public et soumis aux règles du service public.
Pour autant, il peut y avoir des situations particulières, liées par exemple à du prosélytisme religieux, qui peuvent conduire les responsables locaux à recommander de s’abstenir de manifester leur appartenance ou leurs croyances religieuses. C’est un équilibre qui doit être trouvé par les responsables de terrain et les cas conflictuels restent heureusement limités.
Pour autant, je veux réaffirmer un principe et une orientation. Le principe c’est que dès lors que les mamans (les parents) ne sont pas soumises à la neutralité religieuse, comme l’indique le Conseil d’État, l’acceptation de leur présence aux sorties scolaires doit être la règle et le refus l’exception. [...]"

Lire "Discours de Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, lors de son audition par l’Observatoire de la Laïcité le 21 octobre 2014".



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