Fatiha Boudjahlat, Céline Pina, Caroline Valentin, Barbara Lefebvre, Waleed al-Husseini. 29 décembre 2017
"[...] Ce qui est sous-entendu dans cette formule prononcée devant des autorités religieuses, c’est d’une part que les centaines d’assassinats commis en France par des terroristes justifiant leurs crimes par des motifs religieux sont mis sur le même plan que des offenses humoristiques ou des interpellations critiques d’intellectuels à l’égard des religions. On connaît désormais la règle du « et en même temps », mais ici n’est-ce pas nettement au service d’un déséquilibre patent en termes de trouble à l’ordre public ? D’autre part, l’intuition du président d’une « laïcité radicalisée » laisse entrevoir une laïcité antireligieuse, hostile par principe aux religions et œuvrant à leur destruction, leur expulsion de l’espace social. C’est une si vieille et obsolète rengaine que nous avons du mal à imaginer que le président Macron réduise notre laïcité à une idéologie antireligieuse, faisant sienne la phraséologie de certaines institutions religieuses. [...]
La loi de laïcisation n’est pas hostile aux religions lorsque celles-ci se résument à ce qu’elles sont dans le cadre du droit français : des pratiques cultuelles. En revanche, lorsque ces religions cherchent à exercer une autorité morale sur la société civile, à imposer leurs interdits ou leurs obligations à une société constituée de citoyens majoritairement non affiliés à une foi et/ou à sa pratique, il y a là une contradiction (voire une confrontation) fondamentale avec le principe constitutionnel de notre Etat laïc. [...]
La police des susceptibilités n’existe pas encore en France. Certains aimeraient qu’elle existât, mais pour l’instant l’immense majorité des Français se rangent encore dans le camp des « laïcards », et chaque jour davantage à mesure que la pression politico-religieuse s’exprime pour faire taire les impies, effacer les corps féminin de l’espace public, épurer les programmes scolaires, séparer les individus sur des bases ethno-religieuses… C’est pourquoi détourner l’attention sur une supposée « radicalisation de la laïcité » est non seulement inaudible mais contre-productif. Le président Macron se couperait ici davantage des Français. [...]"
Lire "M. le président Macron, la laïcité n’est ni radicale, ni une menace pour la France".
Lire aussi "La laïcité, combien de morts ?" (J.-M. Bouguereau, larepubliquedespyrenees.fr , 23 déc. 17), "Monsieur le Président, il n’y a pas de risque de radicalisation de la laïcité" (A. Meguini, laicart.org , 23 déc. 17), "Devant les chefs religieux, Emmanuel Macron dénonce une "radicalisation de la laïcité"" (AFP, nouvelobs.com , 22 déc. 17) (note du CLR).
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