Jean-Marcel Bouguereau. 28 décembre 2017
"Recevant jeudi les représentants de tous les cultes, Emmanuel Macron a concédé, à leur grande satisfaction, un « risque d’une radicalisation de la laïcité ». À cette occasion, le Président a confirmé qu’il s’exprimerait sur la laïcité au début de l’année prochaine. On craint le pire. On avait déjà noté, alors qu’il était candidat, qu’il critiquait le « laïcisme », une « conception étriquée et dévoyée de la laïcité, qui dénote à la fois une insécurité culturelle profonde et une incompréhension historique de la France ».
Déjà, Macron avait critiqué la « laïcité revancharde » portée par Valls… Lequel avait vivement réagi, accusant celui qui n’était pas encore Président de « se tromper sur la laïcité et plus profondément sur ce qu’est la France ». Pour lui, Macron défendait alors une « vision anglo-saxonne libérale-libertaire » de la laïcité qui n’aurait « rien à voir » avec ce qu’est la France.
Le débat, qui fait rage depuis les attentats islamistes, traverse toutes les forces politiques, En marche comme les autres. Un débat illustré récemment par les positions prises par Marlène Schiappa déclarant : « La laïcité, ce n’est pas l’œcuménisme. Ce n’est pas un gâteau que l’on partage entre les différentes religions, en distribuant un morceau aux non-croyants. » En « militante laïque et féministe », elle pourfend les communautarismes sans toucher une ligne de la loi de 1905. « Les institutions religieuses ne doivent obliger aucune femme, nulle part, jamais, à rien », disait-elle déjà le 8 décembre en recevant le prix spécial de la laïcité décerné par le Grand Orient de France. « C’est du Valls, le côté clivant en moins », se réjouit un élu LREM.
Sur les réseaux sociaux, la question de la laïcité enflamme le débat et nourrit des polémiques récurrentes depuis des années. Le Printemps républicain, créé en faisant le constat qu’il y a quelques années la laïcité était une évidence « comme l’air que nous respirons » alors qu’elle est aujourd’hui mise en cause de toutes parts, ironise : « On n’a jamais vu un laïque se filmer vêtu d’un bonnet phrygien, faisant allégeance à Marianne et psalmodiant des textes de Ferry et Clemenceau avant d’aller semer la terreur sur le parvis des églises ».
C’est qu’il n’y a pas que le terrorisme, il y a l’islamisation rampante de quartiers entiers et la multiplication des revendications des intégristes religieux, islamistes en tête, qui s’accompagne de revendications identitaires toujours plus insistantes. C’est l’universalisme de notre République qui est ainsi mise en cause sous forme « d’accommodements raisonnables » avec des demandes religieuses particulières qui minent notre contrat. Le président de la République ne devrait pas inverser ainsi les rôles, en reprenant un élément de langage des intégristes religieux."
Lire aussi "Monsieur le Président, il n’y a pas de risque de radicalisation de la laïcité" (A. Meguini, laicart.org , 23 déc. 17), "Devant les chefs religieux, Emmanuel Macron dénonce une "radicalisation de la laïcité"" (AFP, nouvelobs.com , 22 déc. 17), M. Schiappa : "La laïcité, ce n’est pas l’œcuménisme" (marianne.net , 8 déc. 17) (note du CLR).
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