Revue de presse

"La Chine veut créer sa propre « théologie chrétienne »" (lefigaro.fr , 7 août 14)

9 août 2014

"L’État chinois a décidé de construire sa propre « théologie chrétienne », sur fond de tensions entre les autorités et les communautés chrétiennes.

La Chine entend établir une « théologie chrétienne » compatible avec la « culture chinoise » et le « socialisme ». Le dirigeant de l’Administration d’État pour les affaires religieuses, Wang Zuo’an, a en effet déclaré dans le journal China Daily que sera construite une « théologie chrétienne chinoise […] adaptée aux conditions nationales », devant « intégrer la culture chinoise » et « être compatible avec le chemin du socialisme » défini par le Parti communiste.

Cette annonce survient dans un contexte de tensions croissantes entre les communautés chrétiennes de Chine - protestantes et catholiques - et les autorités du pays. Actuellement, les autorités chinoises enquêtent notamment sur un couple de militants chrétiens canadiens engagé auprès des réfugiés nord-coréens et soupçonné d’espionnage [1].

L’établissement d’un dogme chrétien officiel pourrait être l’occasion pour les dirigeants chinois d’intensifier leur encadrement - déjà très strict - des organisations religieuses, perçues comme des contre-pouvoirs potentiels.

En Chine, les pratiques cultuelles sont étroitement surveillées : seuls les lieux religieux reconnus officiellement par l’État chinois sont autorisés, et les forces de l’ordre dissolvent régulièrement des églises chrétiennes « souterraines ». Ce contrôle rigoureux n’empêche pas le Parti communiste chinois de s’inquiéter du développement du christianisme dans le pays : en avril, une église monumentale pourtant reconnue par les autorités a été détruite dans la ville de Wenzhou, où résident un million de chrétiens, sur ordre du gouverneur local. [...]

La religion chrétienne n’est pas la seule à préoccuper Pékin. L’islam fait également l’objet d’un contrôle particulier de la part des représentants de l’État, allant parfois jusqu’à l’interdiction de coutumes et d’usages vestimentaires liés à cette religion.

La ville de Karamay, dans le Xinjiang (nord-ouest de la Chine), a par exemple décidé de prohiber le temps d’une compétition sportive locale le port du voile islamique - le niqab, couvrant tout le visage hormis les yeux, mais également le hijab, couvrant les cheveux et le cou. Cette année, au début du ramadan en juillet, les autorités dans cette région ont également fortement limité la possibilité pour les musulmans d’observer certains rites : les fonctionnaires, enseignants et étudiants se sont vu interdire de pratiquer le jeûne durant la journée en se forçant à se rendre à la cantine, et l’accès aux mosquées a été restreint.

Ces mesures anti-islam sont justifiées par les autorités chinoises par la lutte contre les revendications indépendantistes d’une partie des Ouïghours [...]"

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