7 avril 2023
[Les échos "Culture" sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
L’Etabli, de Mathias Gokalp (1 h 57), avec Swann Arlaud, Mélanie Thierry, Denis Podalydès, Olivier Gourmet... Sorti le 5 av. 23.
"La révolution de Mai 68 a échoué ? Préparons la suivante ! C’est le parti pris des « établis », deux ou trois mille intellectuels et étudiants qui se font embaucher en bas de l’échelle sociale pour rallumer le feu révolutionnaire. En septembre 1968, Robert, philosophe et professeur d’université, obtient un poste d’ouvrier sur une chaîne d’assemblage de 2 CV à l’usine Citroën de la porte de Choisy, à Paris.
En 1978, Robert Linhart, figure du mouvement maoïste, publiait L’Établi aux Éditions de Minuit sur son année comme ouvrier spécialisé à Citroën, où il relatait d’une plume vibrante la première journée de chacun « affolé par le bruit, les éclairs, le monstrueux étirement du temps, la dureté du travail indéfiniment répété, l’autoritarisme des chefs et la sécheresse des ordres, la morne atmosphère de prison qui glace l’atelier ». Ses mots, le film les fait entendre en voix off. [...]
Le long métrage, qui reprend la trame chronologique du texte, restitue puissamment l’essence de ce mouvement et ses contradictions. Idéalistes, ces bourgeois qui sacrifient leur confort et leur santé se voient reprocher d’avoir le choix d’une autre vie par ceux qu’ils entendent défendre."
"« L’Établi », ouvriers et bourgeois à la chaîne" la-croix.com , 4 av. 23.
"Autour de Swann Arlaud, aussi convaincant en jeune prof gauchiste confronté au travail en usine qu’en agriculteur confronté à une crise sanitaire (Petit Paysan), en amant de Marguerite Duras (Vous ne désirez que moi) ou en paysagiste utopiste (Tant que le soleil frappe), se déploie une galerie de portraits croqués avec justesse. Entrent ainsi en scène le contremaître roué et implacable (Denis Podalydès), l’ouvrier italien habité de la mémoire du mouvement ouvrier (Luca Terraciano), le prêtre ouvrier cégétiste (Olivier Gourmet), le manœuvre africain déchiré entre la solidarité avec ses collègues et les contraintes de son existence, le jeune prolétaire révolté…"
"Un film hors de l’histoire – sur L’Établi de Mathias Gokalp" aoc.media , 5 av. 23.
"Tout l’intérêt du film se situe, à vrai dire, dans cette capacité à représenter ainsi la nuance, à montrer toutes les violences, à ne pas s’enfermer dans une idéologie simpliste et à ne pas oublier les problématiques éthiques, déontologiques de la trajectoire de son héros qui, tout au long du film, se déguise, comme le pointe sa fille un soir quand il rentre dans son appartement bourgeois après avoir passé la journée à l’usine, dans des vêtements plus propres à se fondre, selon lui, dans la masse ouvrière. Peu à peu Linhart finit par porter ses vêtements d’usine jusque dans son appartement, indiquant une porosité qui n’existe cependant que pour lui. Lorsque l’un de ses camarades d’usine, le premier à qui il dévoile son secret, vient chez lui, il ne s’y sent pas à son aise, ne comprend pas la démarche de Linhart – pourquoi venir s’abîmer la santé, le corps et l’esprit quand on a la chance d’avoir le choix ?
Outre l’idée hautement questionnable de jouer à l’ouvrier quand les conséquences ne seront jamais les mêmes – un Linhart, même abîmé, même brimé, aura toujours une place à l’Université qui l’attend, de sorte que les conséquences d’une grève ne seront pas les mêmes pour lui que pour ceux qui ne jouent pas – le film pose finalement la question de la réelle possibilité d’une convergence des luttes."
"Le bleu peut-il faire l’ouvrier ?" Bastille Magazine, 31 mars 23
"« C’est une vieille tradition : les plus radicaux à l’extrême gauche sont souvent des jeunes de l’élite universitaire qui s’assignent la mission de sauver le peuple », expliquait récemment au Point Olivier Galland, spécialiste des mécanismes de la radicalité et auteur de 20 ans, le bel âge ? (Nathan). Voilà exactement le sujet abordé par le réalisateur Mathias Gokalp dans L’Établi, un très bon long-métrage qui sort en salle ce mercredi. [...]
Il faut voir L’Établi car il résonne fortement avec les rêves de révolution qui s’étalent aujourd’hui à Sainte-Soline ou dans les manifestations contre la réforme des retraites. Il fait également écho au thème de la pénibilité du travail. Le sujet est traité avec humanité, sans dogmatisme."
"« L’Établi » : les désillusions des bourgeois révolutionnaires" lepoint.fr , 5 av. 23.
Voir aussi les chroniques Cinéma dans la rubrique Culture,
dans la Revue de presse le dossier La gauche et les classes populaires dans Gauche, les rubriques Immigration, Enseignement supérieur (note du CLR).
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