Revue de presse

J. Julliard : Onfray et Houellebecq, le retour de Maurras (Marianne, 8 déc. 22)

Jacques Julliard, historien, essayiste, éditorialiste (Marianne, Le Figaro). 9 février 2023

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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"[...] À ce qu’il me semble, plus encore que les opinions de Houellebecq et d’Onfray, c’est leur liberté pour aborder des sujets interdits par la Préfecture des mœurs politiques, invisible et partout présente, qui explique le succès. Depuis que la gauche morale a ceinturé de barbelés la question de l’islam, de l’immigration, de l’insécurité, et plus encore de leurs rapports, un divorce croissant s’est fait jour entre la pensée des élites et celle du peuple. « Les communistes sont en train de devenir des curés », dit un personnage de Malraux dans l’Espoir signifiant par là le maniement de l’index, de la restriction mentale, de la censure morale. Aujourd’hui, on pourrait dire la même chose d’une grande partie des élites, ouvrant la voie à une évolution à l’italienne, à la danoise, à la suédoise, autrement dit rendant possible une accession de l’extrême droite au gouvernement.

De quoi parlent nos deux interlocuteurs ? Eh bien, un peu, et même beaucoup, de Dieu. Onfray n’y croit pas, Houellebecq y croit un peu, en tout cas s’interroge. Une des parties les plus intéressantes de leur dialogue porte sur le péché originel, ce qui a dû surprendre plus d’un lecteur. À la question d’Onfray : « Vous pensez que l’être humain est coupable de naissance ? », Houellebecq répond : « Ben oui, quand même. » Il estime que « l’homme naît mauvais, mais [que] la société peut l’éduquer » et d’ajouter drôlement : « Comme souvent avec Rousseau, il suffit de dire le contraire de lui pour être dans le vrai. » Ce qui fait de Michel Houellebecq un authentique réactionnaire, c’est qu’il pense avec Bonald, avec de Maistre et, surtout, avec Maurras qu’indépendamment de la question de l’existence de Dieu, une religion est nécessaire à la société. Onfray prend acte sans objecter, ce qui est déjà beaucoup.

Mais c’est surtout, je l’ai dit, sur la question de l’immigration que l’on attendait les deux hommes, et plus précisément sur la question du « grand remplacement » de Renaud Camus, c’est-à-dire sur la modification de la composition ethnique et religieuse de la population. L’expression n’est jamais abordée dans le langage courant sans une multitude de guillemets et de points d’interrogation, à cause de son côté polémique, alors qu’elle relève du simple bon sens. Comment l’apport continu d’éléments nouveaux ne modifierait-il pas la nature de la donnée initiale ? Du reste, comme le fait justement remarquer Onfray, en parlant, non sans abus de termes, de « créolisation » de la population européenne, Jean-Luc Mélenchon admet implicitement le grand remplacement, tout au moins la grande mutation. [...]"

Lire "Dans le projet de ’France seule’ d’Onfray et Houellebecq, il y a quelque chose de Maurras".



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