Communiqué du Comité Laïcité République

Henri Caillavet, un siècle de combat républicain (27 fév. 13)

cofondateur du Comité Laïcité République. 27 février 2013

A 99 ans, Henri Caillavet vient de nous quitter. Sa combativité nous manquera, mais son exemple nous inspirera longtemps.

Ancien président du Comité Laïcité République – et depuis son président d’honneur –, il aura mené une vie entière d’engagements. Enfant, il a vu chez lui le maréchal Joffre et Clemenceau invités par son père, il a connu Jean Zay, Léon Blum, Edouard Herriot et tant d’autres.

Mais revenons sur son parcours, commencé au risque de sa vie en 1937, transportant des armes vers l’Espagne pour les Brigades internationales. 70 ans après, Henri Caillavet n’a toujours pas compris la neutralité de la France proclamée par le Front populaire face à la guerre d’Espagne. En 1940, il sera comme d’autres dénoncé parce que franc-maçon, arrêté et empêché de devenir enseignant, frappé par les lois de Vichy sur l’accès à la fonction publique. Il deviendra avocat. Et il passera sa vie à plaider des causes que beaucoup estimaient impossibles à défendre. Dès 1947, il dépose ainsi une proposition de loi pour légaliser l’avortement ; en 1949, pour faire de l’insémination artificielle un moyen de procréation. Car le jeune Caillavet est élu député du Lot-et-Garonne au lendemain de la Libération, à 32 ans. Il sera vite plongé dans le bain en siégeant à la Haute Cour de justice, qui jugeait alors pour collaboration les anciens responsables de Vichy.

En 1951, il bataille contre la loi Marie-Barangé, inscrite dans une longue série de mesures favorables à l’école catholique, de Debré à Robien en passant par Lang et Bayrou. Et c’est en 1953 que commencera une courte mais intense carrière ministérielle dans les gouvernements de René Mayer et de Pierre Mendès France. Comme sénateur, il fera ensuite voter à l’unanimité des deux chambres la loi qui porte son nom sur les prélèvements d’organes. En 1971, il dépose, sans succès, un nouveau texte sur l’avortement, plus audacieux que la future loi Veil de 1974.

Après avoir quitté le Parlement en 1983 commence une nouvelle vie publique pour Henri Caillavet, à la présidence de la Commission nationale de l’informatique et des libertés, à celle de la Commission nationale pour le pluralisme de la presse, ensuite au sein du Comité national d’éthique.

Longtemps président de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), qui continue à lutter pour faire avancer la législation, Henri Caillavet aura finalement toujours trouvé sur sa route ceux qui se revendiquent de Dieu plus que de l’Homme.

Sur l’avortement, sur le don et les greffes d’organes, sur le droit à mourir dignement et bien d’autres sujets encore, cet « esprit libre » aura toujours fait prévaloir l’humain contre le divin, le progrès et la laïcité contre l’ordre moral et clérical.

Henri Caillavet appartient à cette lignée d’hommes qui font honneur à la République.

Comité Laïcité République
le 27 février 2013



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