(I. de Gaulmyn, La Croix L’Hebdo, 14 oct. 23). Isabelle De Gaulmyn rédactrice en chef à "La Croix L’Hebdo" 15 octobre 2023
[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
"Nous, observateurs d’un pays où il n’y a pas de guerre, cherchons à tout prix à mettre les deux camps dos à dos, à équilibrer entre les horreurs, renvoyer chaque mort à un autre mort. Sinistre calcul digne d’un comptable de la pire espèce…
Lire "Hamas, Israël ou le jugement de Salomon".
[...] Depuis le début de l’agression d’Israël par le Hamas, nous sommes là, à louvoyer entre les horreurs, à compter les morts, à vouloir équilibrer, mesurer, nuancer, comparer. Comparer… Si l’on interroge un Israélien, il faut trouver un témoin palestinien. Si l’on montre une photo de kibboutz dévastés, il faut en présenter une de ruines à Gaza. Sur ce conflit, chacun a son point de vue, et les débats peuvent s’éterniser à l’infini.
Peut-on justifier les atrocités commises par le Hamas ? Non, évidemment. Et plus le temps passe, plus elles s’allongent et nous remplissent la bouche d’un goût amer. Doit-on passer sous silence l’extrême injustice dans laquelle tout un peuple vit depuis cinquante ans ? Non, encore évidemment, nous le savons bien. A-t-on le droit de dire que Gaza est une prison à ciel ouvert ? Oui. Qu’Israël est doté d’un parlement avec des personnes élues, des partis d’opposition et un système électoral régulier. Oui, encore.
On en vient à s’autocensurer, sous prétexte de rester équilibré. On craint, en critiquant l’un de le réduire à néant dans ses droits. Alors nous retenons notre plume, ou nos mots. Nous les soupesons. Tout cela sur fond d’images en flux incessant toutes plus terribles les unes que les autres. Des corps. Des cadavres qui jonchent le sol, dépecés, des enfants qui meurent, des enfants qui pleurent, des femmes traînées par des voitures, des femmes qui pleurent. Mais à chaque fois que l’on s’émeut, on nous oppose l’image d’en face. [...]
Face à face, dos à dos. Alors nous, observateurs d’un pays où il n’y a pas de guerre, nous endossons à notre tour cette « structure de péché », en voulant à tout prix équilibrer entre les horreurs, renvoyer chaque mort à un autre mort. Un enfant tué dans la bande de Gaza vaut-il plus ou moins qu’un enfant tué de colons israéliens ? Sinistre calcul digne d’un comptable de la pire espèce… Un enfant tué.
Cela me rappelle l’histoire de Salomon. Elle est dans la Bible. Elle se trouve aussi dans le Coran. Elle est universelle. Il s’agit du différend qui oppose deux femmes, ayant chacune mis au monde un enfant. L’un est mort étouffé la première nuit. Les deux mères éplorées se disputent le survivant. Pour régler ce désaccord, Salomon sort son épée, et ordonne de partager en deux parts exactement égales l’enfant qui reste. Ainsi, chacune aura une moitié, et la balance de la justice sera à l’équilibre. L’une des femmes déclara qu’elle préfère renoncer à l’enfant pour qu’il ait la vie sauve. C’était la mère, celle qui a choisi la vie."
Voir aussi l’édito du président Le retour de la barbarie et des pogroms ? (G. Abergel),
dans la Revue de presse le dossier Guerre Hamas-Israël (2023-24) dans Palestine dans Israël (note de la rédaction CLR).
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