11 décembre 2018
[Les articles de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
"[…] Il est si difficile de parler d’aujourd’hui et si commode de faire surgir de vieux fantômes. […]
Pour le reste, on ne voit guère d’où vient cette manie d’agiter les spectres de ce temps où "la Nuit du carrefour" n’était pas une échauffourée opposant aux forces de l’ordre des manifestants, manipulés ou non, mais un film de Jean Renoir, rien de moins qu’un chef-d’œuvre, tiré d’un roman de Simenon. Il nous semble aujourd’hui qu’arrêter les autos aux carrefours constitue la forme extrême de la violence sociale. […]
Nos mœurs sont des plus adoucies, mais l’époque n’aime rien tant que de se faire peur. […]
Il n’est pas de manifestation populaire ni de campagne électorale qui ne se passe d’un rappel des années de montée des périls. Un manifestant recevant un peu de lacrymogène s’écrie, devant une caméra de télévision, qu’il a été gazé. Ce n’est pas vraiment le gaz moutarde, mais cela suffit pour se sentir héroïque. En face, on se targue d’avoir arrêté le fascisme en alignant 3000 policiers. Il est vrai que le personnel politique du pouvoir semble aussi dépassé que celui des dernières années de la IIIe République. Il joue donc avec des fantômes, effrayé à l’idée d’infléchir un peu sa politique, pour donner un peu à ces gens dont les revendications et les objectifs n’ont rien de terrifiant. Mais à force de fantasmer les temps terribles, ils finiront par s’y précipiter."
Lire "La nuit du carrefour".
Voir aussi B. Lefebvre : « Non, Monsieur Macron, notre époque n’a rien à voir avec les années 30 » (lefigaro.fr/vox , 1er nov. 18) dans la rubrique Années 1930 (note du CLR).
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