23 décembre 2014
Le 16 décembre dernier, le président de la République procédait à l’inauguration officielle du Musée de l’histoire de l’immigration, à Paris. Au cours de cette intervention, François Hollande a largement évoqué les questions relatives à la citoyenneté et à la laïcité.
Le Musée de l’immigration a ouvert ses portes à l’automne 2007, mais aucun président de la République n’était venu procéder à son inauguration officielle. Cet « oubli » de la République a été réparé le 16 décembre dernier par François Hollande, qui a prononcé un discours au cours duquel il a surtout évoqué les questions relatives à la citoyenneté, loin des inclinaisons communautaristes dont Nicolas Sarkozy s’était fait le chantre.
« Le Musée restitue le parcours de ces millions d’exilés dont la plupart ont fait souche dans notre pays pour devenir Français soit directement soit par naturalisation », a fait valoir François Hollande. « Il y a aussi, par la succession des générations, le droit du sol, le fait que ces descendants d’étrangers sont devenus des citoyens français, pleinement Français, et donc pleinement citoyens. C’est ainsi que les immigrés d’hier et les enfants se sont fondus dans notre société et en même temps que s’est enrichie à chaque étape, à chaque période, leur contribution ».
Loin des discours qui mettent toujours en avant les dissemblances, le président de la République a souligné : « Les enfants des immigrés dépeints comme inassimilables hier sont devenus des patriotes sans avoir jamais à renier leurs origines. Parce que depuis 150 ans la République n’est pas liée aux origines, c’est l’adhésion à un projet commun (…). Savoir tous les jours que nous sommes Français, vouloir être Français, être pleinement conscient que de vivre en France, c’est une somme de devoirs et de droits ».
La laïcité, école de respect
Après avoir évoqué l’école comme « premier pilier de l’intégration », François Hollande a insisté sur la laïcité : « Elle est proclamée. Elle doit donc être enseignée, traduite en principes simples, intelligibles. La laïcité n’est ni la lutte contre la religion, contre une religion. La laïcité n’est pas la suspicion non plus à l’égard de telle ou telle communauté. La laïcité est une école de respect, de la règle commune, une reconnaissance de la liberté de croire ou de ne pas croire ».
Le président de la République a souhaité mettre en valeur sa dimension opérationnelle : « Cette laïcité, nous devons l’ériger en valeur fondamentale mais nous devons aussi faire en sorte qu’elle puisse être, pour chaque jeune, non pas un concept mais une manière de vivre, de respecter l’autre, de pouvoir être pleinement lui-même tout en étant entièrement dans la République. La laïcité n’est pas simplement un principe que l’on voudrait poser, c’est ce qui permet dans les actes de la vie quotidienne de savoir ce qu’il est possible de faire et ce qu’il n’est pas possible de montrer ou de faire ».
Le président de la République n’a pas minoré les lacunes d’une intégration qui a longtemps fait fausse route en postulant le caractère inassimilable des ressortissants étrangers ou d’origine étrangère, une lecture dont l’extrême droite a fait son fonds de commerce mais dont l’extrême gauche se fait à l’occasion le relais. « Trop de nos concitoyens issus de l’immigration se considèrent comme des étrangers, assignés à leurs origines », a relevé François Hollande. « La République n’a d’avenir que si elle sait construire une politique de citoyenneté dont le principe est simple et clair : c’est l’égalité. La République n’a d’avenir que si les droits et les devoirs sont rappelés à tous, quelle que soit leur nationalité ».
Le président de la République a ainsi rappelé ses distances, que l’on savait déjà très nettes, vis-à-vis des rapports sur l’intégration qui avaient été diffusés l’hiver dernier sur le site de l’Hôtel Matignon dans la foulée du rapport Tuot. C’est pourquoi il a longuement développé la question de l’accès à la naturalisation, dont il entend faciliter l’accès : « Il n’y a pas de meilleure preuve d’amour de la République que cette déclaration d’allégeance à ses principes et à ses valeurs ».
Le président de la République a aussi clairement renvoyé à leurs études ceux qui voudraient en France instaurer des distinctions ethniques à travers les statistiques raciales ou la discrimination dite « positive », comme les co-auteurs du récent rapport sénatorial très inspiré par une vision communautariste à l’anglo-saxonne, l’UMP Jean-René Lecerf et la Verte Esther Benbassa.
Pour François Hollande, la question de la représentation « n’obéit pas à des logiques législatives, à des quotas ou des règles. C’est une obligation pour toutes les forces politiques, sociales et économiques de notre pays. Faire en sorte que ceux qui parlent au nom des autres puissent ressembler aux autres. Faire en sorte que ceux qui décident pour les autres puissent être finalement comme les autres ».
Le président de la République y a encore insisté en pointant les dangers véhiculés par le communautarisme : « Cette diversité est une chance si nous savons la valoriser, l’enrichir, la dépasser, si nous savons affirmer une volonté commune de vivre ensemble, ce qui suppose une pleine adhésion à la République. Sinon, c’est le piège de la division, la menace du communautarisme, la confrontation des cultures et donc le racisme, l’antisémitisme, la détestation de l’autre ».
Philippe Foussier
Lire aussi M. Tribalat : "Hollande, le PS et l’immigration" (lefigaro.fr/vox , 18 déc. 14) (note du CLR).
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