Revue de presse

"Enquête judiciaire après des accusations d’islamophobie à Sciences-Po Grenoble" (la-croix.com , 7 mars 21)

7 mars 2021

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"Deux professeurs de l’Institut d’études politiques de Grenoble ont été accusés d’islamophobie et leurs noms placardés sur les murs de l’établissement, le 4 mars. Le procureur de la République a ouvert une enquête pour « injure publique » tandis que le ministère de l’enseignement supérieur va diligenter une mission.

Corinne Laurent

Les noms de deux enseignants de l’Institut d’études politiques (IEP) de Grenoble ont été inscrits jeudi 4 mars sur un collage sauvage en grosses lettres à l’entrée de l’établissement. Ils étaient encadrés de propos accusateurs – « des fascistes dans nos amphis » et « l’islamophobie tue » – ainsi que d’un appel à la « démission ».

Les photos de cet affichage anonyme ont été relayées sur les réseaux sociaux, en particulier par le compte Twitter de l’Unef Grenoble, qui citait nommément les deux universitaires, avant de supprimer son post.

Le procureur de la République de Grenoble, Éric Vaillant, a ouvert une enquête « pour injure publique envers un particulier par parole, écrit, image ou moyen de communication au public par voie électronique » ainsi que pour « dégradation ». Deux délits punis respectivement de 12 000 et 15 000 euros d’amende. Le magistrat a estimé dans un communiqué qu’il y avait « un vrai danger à ce que ces professeurs soient menacés et subissent des conséquences sous cette exposition-là ». Ces faits interviennent moins de cinq mois après l’assassinat du professeur Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine, le 16 octobre 2020.

Joint par La Croix, l’un des deux enseignants visés, Klaus Kinzler, affirme « ne pas avoir peur ». « D’une certaine façon, cette histoire fait tomber les masques », souligne ce professeur agrégé d’allemand, qui travaille à Sciences-Po Grenoble depuis vingt-six ans. Il y voit « un glissement d’extrême gauche et anti-démocratique » de la part d’une « minorité » d’élèves mais surtout d’une partie de « (ses) collègues qui défendent ou manipulent les étudiants ».

L’universitaire explique être au cœur d’une polémique depuis un groupe de travail qui s’est déroulé en novembre 2020 et un échange de mails qui a suscité des crispations. « Je n’ai rien dit contre les musulmans mais contre l’islam fondamentaliste », assure Klaus Kinzler, rejetant l’alignement des termes « racisme, islamophobie, antisémitisme » dans une seule thématique.

L’autre enseignant, qui dispense un cours intitulé « Islam et musulmans dans la France contemporaine », était visé, lui, depuis le mois dernier par un appel sur Facebook de l’Union syndicale Sciences-Po Grenoble. Ce syndicat, majoritaire à l’IEP, demandait aux étudiants de témoigner sur d’éventuels « propos problématiques » que le maître de conférences aurait tenus.

Pour apaiser les esprits, le syndicat Unef a reconnu, au niveau national, dimanche 7 mars, une démarche « maladroite et dangereuse » de sa section locale. Il a réaffirmé « son opposition à toute haine, à tout lynchage public et son attachement à la liberté d’expression ». Et en particulier son opposition à « tout affichage de noms de personnes quels que soient les désaccords ».

De son côté, la ministre de l’enseignement supérieur Frédérique Vidal a dénoncé des « tentatives de pression et d’intimidation ». « Les menaces, les injures et les pressions n’ont pas leur place dans l’enseignement supérieur », a-t-elle ajouté. Elle entend diligenter « dans les meilleurs délais » une mission de l’inspection générale de l’éducation afin d’établir les responsabilités de chacun."

Lire "Enquête judiciaire après des accusations d’islamophobie à Sciences-Po Grenoble".


Voir aussi dans la Revue de presse le dossier Institut d’études politiques de Grenoble dans la rubrique Censures à l’université dans Enseignement supérieur dans Ecole (note du CLR).


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