17 juin 2022
[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
"Lors d’un concours organisé par la Région Ile-de-France, des candidats ont qualifié la loi de 1905 de « cercueil des femmes ».
Marie-Amélie Lombard-Latune
La laïcité est « une épée de Damoclès. C’est celle qui nous sépare au lieu de nous unir et qui nous plonge dans le désarroi… [Elle] nous empêche de porter le voile ou la kippa, elle nous enferme… » La lycéenne, candidate à un concours d’éloquence sur la laïcité, poursuit : « Il faut réinterroger ce concept archaïque qui était un bon concept en 1905 pour contraindre l’emprise de la religion catholique majoritaire. Maintenant, il y a des millions de musulmans, des millions de juifs, et on doit pouvoir être libres… La laïcité doit être réformée car aujourd’hui elle sert surtout à empêcher le port du voile ».
Ces propos ont été tenus le 16 mai dans les locaux de la Région Ile-de-France qui organise ce concours, lors d’une des deux demi-finales. Devant le jury, la lycéenne a encore estimé que l’article premier de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen n’est « jamais appliqué » prenant pour preuve que « les mosquées sont en préfabriqué ou bien les musulmans sont obligés de prier dans la rue ». Parmi les neuf concurrents, sept, principalement des jeunes femmes, ont eu des discours véhéments contre la laïcité accusée d’être « le cercueil des femmes » ou « une forme de dictature ». [...]
Les conditions de préparation des lycéens à ce concours sont largement en cause. La Fédération de Paris de la Ligue de l’enseignement y intervient, notamment en accompagnant les enseignants qui y participent, de septembre à mai. Vendredi, elle s’est contentée de réagir par un communiqué. « Certains de ces discours se sont avérés très critiques des lois relatives à la laïcité », écrit-elle. Avant de proposer de « renforcer la dimension accompagnement de ce programme en direction des enseignants ». Selon ce communiqué, les candidats s’expriment trois minutes chacun, « à partir de textes élaborés avec leurs enseignants ». [...]
Le dossier est remonté au cabinet du ministre de l’Education, Pap Ndiaye, et le Conseil des sages de la laïcité est saisi. Celui-ci va notamment demander « des éclaircissements » à la Ligue de l’enseignement, indique à l’Opinion son secrétaire général adjoint, Iannis Roder. La fédération d’associations est un poids lourd du monde de l’éducation, historiquement défenseur de la laïcité, mais aujourd’hui traversé par les courants qui divisent toute la gauche sur le sujet. « On peut se poser la question de la présence d’associations noyautées par des militants politiques », interroge Iannis Roder.
De nombreuses interrogations demeurent sur la façon dont a été préparé le concours, sur l’encadrement des candidats par des enseignants, sur la volonté de se servir de cette tribune pour porter un discours anti-républicain. En décembre 2021, une étude de l’Ifop pour la Licra révélait que 43 % des lycéens estiment que « les règles édictées par leur religion sont plus importantes que les lois de la République ». La finale du concours d’éloquence doit avoir lieu au Sénat le 2 juillet."
Voir aussi l’édito de Gilbert Abergel, président du CLR Obscurantisme chez les lycéens : la réponse se trouve dans la restauration de notre Ecole (G. Abergel, 10 déc. 21), dans la Revue de presse "Laïcité : Pécresse tance la Ligue de l’enseignement" (lepoint.fr , 16 juin 22), "L’école laïque sous le joug de Dieu" (G. Biard, charliehebdo.fr , 9 déc. 21), Chez les jeunes, la liberté d’expression "sacrément ébranlée" (M. Guerrin, lemonde.fr , 5 nov. 21), le dossier "La Tentation radicale, enquête auprès des lycéens" (2018) dans la rubrique Ecole (note du CLR).
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