24 septembre 2018
[Les échos "Culture (Lire, entendre & voir)" sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
« J’ai cherché, je n’ai trouvé aucune collection sur la laïcité, alors qu’il en existe une vingtaine dont le titre se réfère explicitement aux religions. » Gérard Delfau ne cache pas la surprise qui fut la sienne alors qu’il songeait, il y a trois ans, à créer une collection de livres sur la laïcité. Ce sera chose faite en novembre 2015, sous l’intitulé « Débats laïques », aux éditions L’Harmattan. Depuis, la collection a déjà publié six ouvrages [1]. Et le directeur de la collection a bien voulu nous confier quels seront les sujets des deux prochains : l’islam et les droits des femmes.
La laïcité, c’est l’engagement de toute vie pour Gérard Delfau, enseignant dans le secondaire, dans le supérieur, militant syndical, puis maire et sénateur de l’Hérault pendant près de trente ans. « La laïcité, c’est la raison se défiant d’elle-même » écrit-il joliment dans le très pédagogique Eloge de la laïcité (Vendémiaire, 2012), ouvrage de référence qui clarifie le sujet à la fin d’un quinquennat Sarkozy où la confusion était reine.
« La loi de 1905 est plus actuelle que jamais ! », clame l’ancien sénateur et maire, qui, toujours disponible dès qu’il s’agit de servir l’intérêt général, nous a reçu un dimanche après-midi à son domicile parisien, littéralement tapissé de livres.
La laïcité se concrétise d’abord par « la séparation du politique et du religieux », mais aussi par l’affirmation de la liberté de conscience, « dont la liberté de religion n’est qu’une composante, au même titre que l’athéisme ou la libre pensée » [2] [3], souligne-t-il. Soudain, la voix se durcit et le ton se fait plus sévère, à l’égard de ceux qu’il appelle « les Accommodants » : « Ils nous désarment dans une période de déconfessionalisation qui libère des factions revendiquant une emprise sur la vie publique. » Du même mouvement, il pointe aussi du doigt « les dérives des communautaristes », « les falsifications du concept de Laïcité par la droite extrême », le « flou du discours des dirigeants actuels de la nation ».
Le 26 mai dernier, L’Harmattan et la collection organisaient les « Rencontres Débats laïques » au théâtre du Lucernaire, à Paris. « Un succès public, malgré un contexte social difficile », relève Gérard Delfau. Objectifs : faire connaître la collection, se rencontrer auteurs et lecteurs, et engager le dialogue avec le public. Car la collection Débats laïques se veut aussi « un acte politique, au sens fort du terme, visant la longue durée ».
Aussi, on consultera aussi avec profit le site Internet debatslaiques.fr, lequel ne se contente pas d’épauler la collection éponyme mais, en publiant de nombreuses contributions sur la laïcité, est devenu l’un des rares médias de référence en la matière, se distinguant notamment en épargnant au visiteur vaines polémiques, sectarisme ou attaques personnelles, « contrairement à la mode médiatique. En ce sens aussi, elle se veut laïque. » Car, nous explique Gérard Delfau, la laïcité dans son sens historique renvoie au « lieu où se rassemblent croyants de toute confession, athées et agnostiques ». Autant dire qu’elle exige le dialogue.
Eric Marquis
[1] La laïcité, défi du XXIe siècle, par Gérard Delfau, novembre 2015 ;
Vous avez dit Concordat ? par Michel Seelig, déc. 2015 ;
Citoyen d’abord, croyant peut être, laïques toujours, par Monique Cabotte-Carillon, septembre 2016 ;
L’école laïque en Alsace et en Moselle, par Jean Marie Gillig, mai 2017 ;
L’invention de la Liberté de conscience ou l’entrée dans la modernité, par Gérard Delfau, André Gounelle, Jacques Haab, Thierry Mesny, Didier Molines, Jacques-Louis Perrin, octobre 2017 (voir Humanisme n°317 et n°318) ;
La laïcité en question (s), par Gérard Bouchet, mai 2018.
[2] Voir Humanisme n°317 et n°318.
[3] Voir G. Delfau (dir.) – Liberté de conscience, un combat sans cesse recommencé (E. Marquis) (note du CLR).
Ce texte est paru dans Humanisme n°320, août 2018.
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